L’histoire des crypto-monnaies ne date pas du XXIe siècle. Si la première émission de crypto-monnaie remonte à 2009 et au projet de Satoshi Nakamoto, son idéologie est bien plus ancienne.
Dès les années 1970, un économiste qui se détachait déjà des courants économiques dominants et s’opposait à la théorie du célèbre John Maynard Keynes, propose une idéologie particulière de la monnaie. Cet économiste, issu de l’école autrichienne, est Friedrich Hayek. Fervent opposant aux politiques monétaires expansionnistes des banques centrales - qui sont pour lui la cause de la crise de 1929 en ce qu’elles ont alimenté les emprunts aboutissant alors à une crise de surproduction -, il considère que celles-ci ne devraient pas avoir le monopole de l’émission de monnaies.
Le titre de son ouvrage publié en 1976, Pour une vraie concurrence entre les monnaies des monnaies (ou The denationalization of money) est éloquent. La monnaie doit cesser d’être une affaire publique et doit dépendre du marché, optimal en toute situation. Hayek appelle alors au free-banking : chaque banque de second rang doit émettre sa monnaie. Alors, le marché punira les plus laxistes : une monnaie trop émise perd de sa valeur et de sa crédibilité. Les banques seront alors contraintes par la concurrence d’émettre de la monnaie en quantité raisonnable, empêchant alors les banques centrales de mener des politiques expansionnistes, ce qui limite le risque de crise pour Hayek.
Cette théorie de la crise de 1929 a donc donné naissance à une idéologie: il faut retirer aux banques centrales leur monopole d’émission afin que les agents choisissent leur monnaie. Alors, dans la continuité de plusieurs années de recherche autour de la Blockchain, par la communauté des CypherPunks, l’idéologie de Hayek trouva écho dans le bitcoin, première crypto-monnaie en date qui ouvrit la voie à beaucoup d’autres grâce à la résolution du problème
de double dépense. Les crypto-monnaies s’enracinent donc profondément dans une idéologie libertaire. Leur développement répond à une crise de confiance dans les autorités centrales mais aussi à un désir d’échapper à cette surveillance.