Je vous expliquais dans un précédant billet en quoi le fait de trouver de la connaissance, pour une entreprise, était quelque chose de compliqué, là où trouver des objets ou des personnes était devenu d’une simplicité absolue en quelques années.
Un nouvel acteur, Connecty, prétend résoudre ce problème.
Il vient de présenter son White paper sur l'économie de la connaissance, qui précise l'approche.
Avant de rentrer, dans un prochain article, sur le détail de leur service, il est légitime de se poser la question de l’importance du marché de la connaissance.
Quelle est sa place, dans quelles tendances s’inscrit-elle, qui en sont le principaux acteurs ?
1. UN SECTEUR À PLUSIEURS MILLIARDS DE DOLLARS
Aujourd’hui, la R&D est très intégrée dans les entreprises. Seules 7,5% des dépenses R&D des entreprises correspondent à des achats de connaissance auprès de prestataires extérieurs.
Pas énorme ?
Regardons ce que cela donne au niveau mondial.
Chaque année, près de 2000 milliards de dollars sont dépensés en R&D. pas mal, non ?
L’externalisation de la R&D Correspond donc à près de 135 milliards de dollars. Chaque année.
Il y a donc un vrai gisement à aller creuser.
Les coûts de R&D étant également amenés à augmenter en interne (plus de technologie, demandant plus de matériel et de compétences…) il y aura rapidement un phénomène de mutualisation de la R&D à imaginer, qui correspond à une manière de l’externaliser en partie.
Bref, c’est un marché qui pèse lourd.
2. UN SECTEUR PROMIS À UN BEL ESSORT
La connaissance, dit comme cela, ça ne fait pas forcément envie.
Ca peut faire un peu « premier de la classe », le gars un peu geek pas super sympa. Et on ne voit pas trop ce que cela peut apporter dans la vraie vie business.
Mais quand on s’y penche, on voit vite la puissance du truc.
La connaissance, la capacité à innover, à inventer de nouvelles choses, et enfin à les mettre en œuvre industriellement.
Et c’est là que cela peut faire mal.
Un graph intéressant : la comparaison entre les exportations de l’Arabie Saoudite (leader sur la production du pétrole) et de la Corée du Sud (très en avance sur les produits à forte valeur de connaissance / technologiques).
On peut en faire ressortir trois choses :
1 – la Corée est indéniablement passée devant l’Arabie Saoudite, en s’appuyant majoritairement sur les produits technologiques. Une vraie puissance dans l’absolu
2 - la Corée est moins sujette aux crises et évolutions de prix des matières premières. Là où le pétrole joue le yoyo et déstabilise des économies, les produits à forte valeur de connaissance tendent à être plus stables de manière générale en terme de prix
3 – La connaissance est inépuisable… le pétrole non (on le voit d’ailleurs à la manière dont l’Arabie Saoudite cherche à anticiper la fin de cette ressource), et une économie basée sur des matières premières peut facilement être amenée à faire face à la pénurie de cette dernière.
3. UN GISEMENT DE VALEUR ENCORE SOUS-EXPLOITÉ
Je n’y avais pas pensé avant de lire le whitepaper, mais cela me paraît maintenant une évidence : il y a un gisement de valeur incroyable qui dort au fond des labos et universités, et que personne n’utilise. Des découvertes incroyables qui ne sont utilisées par personne, ou par un tout petit nombre, parce que peu de personnes savent qu’elles existent.
Par exemple, un laboratoire peut avoir été amené à travailler pour un équipementier sur un revêtement utilisé sur un accessoire de sport. Mais des architectes d’intérieurs pourraient aussi être intéressés par ce même revêtement à la texture singulière, pour en recouvrir des cloisons d’appartement. Et des marques de bricolage pourraient être ravies de proposer des pots avec cette matière, facilement applicable à la truelle. Mais, comme tout le monde en ignore l’existence, ni les architectes, ni les marques de bricolage, ni le laboratoire ne peuvent profiter de cette innovation en puissance.
Ce que j’adore avec internet, c’est sa capacité à optimiser les ressources, en réussissant à mettre en relation les bonnes personnes.
C’est là dessus que s’est construit Uber par exemple. En permettant aux chauffeurs de VTC d’optimiser leurs temps morts professionnels en transportant des particuliers. L’application permettait, sans construire davantage de voitures ou former de nouveaux chauffeurs, de mieux optimiser celles et ceux déjà actifs. Les particuliers pouvaient alors bénéficier d’un très bon service, et les chauffeurs d’un complément de revenu.
C’est la même chose avec Airbnb, qui permet à des personnes ayant des biens inutilisés (une chambre de libre après le départ du petit dernier… un appartement disponible pendant des vacances à l’étranger) de redonner de la valeur à quelque chose qui n’en aurait pas eu par ailleurs.
Bref, cette possibilité pour des centres de recherche de pouvoir monétiser de différents manières des inventions qu’ils ont pu faire dans une seule optique initiale m’enthousiasme au plus haut point, et devrait leur permettre de développer une source de revenus supplémentaires... leur permettant de continuer à innover encore plus vite. Vous avez dit cercle vertueux ?
POURTANT… LES DEUX MONDES NE SE PARLENT PAS
La connaissance a une vraie valeur pour les industriels (qui cherchent à innover pour vendre des produits à forte valeur ajoutée) et les chercheurs (qui voudraient davantage monétiser leurs résultats). Pourtant les deux univers ont du mal à travailler ensemble.
Eloignés géographiquement ou psychologiquement les uns des autres, sans canaux tout tracés pour se trouver et communiquer facilement, sans cadre contractuel facile pour vendre ou acheter, ces deux écosystèmes cohabitent sans suffisamment se croiser.
C’est là toute l’ambition de Connecty (au nom bien choisi, comme vous l’aurez remarqué) : faciliter les prises de contact et fluidifier les collaborations au maximum.
Faire que les chemins de traverses à emprunter, actuellement longs caillouteux et tortueux, deviennent de véritables autoroutes d'ici quelques années !
Voyons plus précisément comment ils le font !