Et si tout ça n’était qu’un jeu?

in fr •  7 years ago  (edited)

Cela doit se passer en ‘85 ou ‘86, je ne sais plus exactement. En tout cas, fin des années ‘80.

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Je suis sur les premières marches de ce qui sera peu de temps plus tard ma vrai bonne grosse crise d’adolescence dans familles. C’est violent, une crise d’adolescence. Du moins, ça peut l’être. Ça l’a été. Moralement.
Cette phase de la croissance où le doute s’installe, où l’on se pose 50.000 question à propos de tout et de rien, sur soi, sur les autres, sur Nous.
Des « pourquoi ? », des « comment? ». Des questions quoi ! Certaines complètements farfelues, d’autre tout à fait sérieuses. Si je ne me rappelle plus très bien exactement du quand (je l’ai dit, fin des années ‘80), je me rappelle par contre très bien du comment et du où.
Un soir, dans mon lit (ça se passe toujours un soir dans un lit), déjà presque errant dans le vide de la nuit. L’esprit carbure le plus à ce moment-là. Et une de mes questions. La question. MA question : et si tout ça n’était qu’un jeu ? Ou, plus précisément : et si tout cela n’était qu’une fiction ?

Boum ! Remontée instantanée du fond du terrier avec une violence presque ressentie. Comme un coup de pied aux fesses mais sans le coup de pied. Le cœur s’accélère, le souffle se coupe.
"Et si tout cela n’était qu’une fiction ?".

Je me suis imaginé, moi, le centre de ma vie, forcément, d’un coté, sincère, et les autres, les personnes autour de moi, me faisant face, jouant un rôle. Professeurs, chauffeurs de bus, commerçants, passants. Je me suis pris à imaginer toutes ces personnes, une fois terminées leur diverses interactions avec moi, rentrant chez elles après avoir quitté leur rôle, comme on rentre chez soi dès le boulot terminé. Même à la télé. Par exemple, les hommes politiques, les présentateurs, chanteurs, célébrités.
Et ensuite, l’étau se resserre, se referme, la visse tourne : mes connaissances ? Plausible.
Encore un tour : mes amis ? Étonnant.
Et encore un : ma famille ? Alarmant.
Le dernier, bien plus douloureux, celui qui vous écrase la main entière : mes parents ? Effrayant

C’est là que je me suis pris à imaginer ma mère, une fois le dos tourné, la journée finie, en train de se démaquiller, de sortir de la loge et de rentrer chez elle.
Oui mais alors, les autres ? Ses "eux" à elle?
Qui dit que les gens qui l’entouraient, dans ce qui semblait être SA vraie vie, en dehors de la mienne, qui dit que ces gens n’étaient pas des imposteurs eux aussi pour elle ? Et pour ces imposteurs, qui dit que… Et ainsi de suite ? Comment cela serait possible? Comment savoir La vérité ? Et si vérité il doit y avoir, qui serrait l’instigateur d’une telle mascarade. Et pourquoi ? Dans quel but ? Tout ça demanderait une logistique titanesque, écrasante, ingérable, puisque sans fin.

Mais plus que de savoir tout ça, je me concentrais sur ma vie, mon cercle. Sur moi. Le soi est toujours le centre des questions lorsque l'on est ado. Et questions il y a eu pendant plusieurs temps. Combien précisément, je ne saurais le dire. Mais assez pour m’en souvenir encore aujourd’hui.

Puis, IL est arrivé. Une dizaine d’années plus tard. En 1998. LE film : The Truman Show. Et boum, remontée du souvenir enfoui en moi. Pour la deuxième fois, le choc. Plus question de crise d’adolescence, mais boum quand même. Ça a tilté instantanément dans ma tête. Ça a fait écho à ces questions loufoques, mais pas si cons que ça quand on est ado. Bien sûr, il y avait tout le coté studio et télé-réalité, trash que je n’avais pas imaginé moi-même en ce temps. Mais bon-sang ! La base était là ! Le pitch. Comment cela pouvait-il être possible ?

J’ai cherché une explication. Et j’en suis arrivé personnellement à 3 conclusions :

  1. Quelqu’un m’avait piqué mon idée.
    La belle affaire ! Comment cela aurait-il pu arriver ? Impossible. Dans tous les sens que l’on veuille bien lui donner.
    Je n’en avais jamais parlé à personne, de peur de passer pour un instable, de peur du regard des autres.
    Ce qui m’a amené à la deuxième conclusion :

  2. Un mauvais trip.
    Quelqu’un, quelque part s’était envoyé une quelconque substance dans la tuyauterie et avait pondu cette merde sur le coin d’une serviette en papier d’un médiocre bar de quartier paumé. Saloperie de serviette qui était passée ensuite de main en main via le frère de la tante du cousin du voisin de l’amant de la femme de ménage du bureau où travaille un certain scénariste. Et on connait la suite.
    Peu probable. Ce qui m’a amené à ma 3ème et dernière conclusion :

  3. D’autres que moi ont passé par la même phase d’adolescence.
    Plausible. Bancal, mais plausible.
    Ainsi, d’autre avaient ressenti le même mal-être que moi. Ce qui semblait être insurmontable à 12 ou 15 ans pouvait trouver source dans plusieurs esprits incertains, en proie aux doutes.

J’ai failli en pleurer. Je n’était plus seul. Il y en avait d’autres.
Et, même 10 ans après, j’espérais la cicatrice pouvoir peut-être se refermer.
Ce ne fut pas le cas.

Cette même année, le 15 août 1998, un samedi matin, ma maman décédera d’un cancer du sein.
Elle venait à peine d'avoir 48 ans.
C'était ma maman, je le savais. Je l'ai toujours su en fait.

Elle ne se maquillait pas.

Ceci n’est pas une fiction.

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  ·  7 years ago (edited)

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