[critique - essai] Raoul Vaneigem - Pourquoi je ne vote pas et autres inédits

Samedi dernier, je vous expliquais pourquoi je ne serais pas candidat aux élections communales à Mons. Lorsque l'on m'a fait cette proposition, je me suis pris à réfléchir beaucoup au sujet de la légitimité des élections dans leur forme actuelle et dans le cadre de ce système capitaliste putrescent, générateur de tant de problèmes sociaux, humains et environnementaux. Voter ou ne pas voter, telle est pour moi l'éternelle question.

Je vous propose à présent d'enrichir la discussion en vous présentant Pourquoi je ne vote pas et autres inédits, petit essai de Raoul Vaneigem, philosophe situationniste, paru, dans deux versions différentes, chez R.A. Éditions et au Cactus Inébranlable.

Raoul Vaneigem considère la société marchande actuelle comme un totalitarisme qui a fait du vide une valeur lucrative et face auquel il convient de résister grâce à la créativité humaine. Le vide s'étant imposé dans de nombreux domaines, il triomphe également pour l'auteur en politique, milieu dans lequel il génère des manipulateurs de bas-étage qui y font carrière, les naïfs déchantant bien vite et abandonnant au final leurs ambitions. Pour l'auteur, ce sont les mêmes procédés que l'on retrouve dans tout le spectre politique, chez les partis qui jouent le jeu des élections. D'ailleurs, comme le souligne Vaneigem, les idéologies ont été vidées de leur contenu au profit de l'idéologie marchande.
Voici donc le postulat de départ de l'auteur dont la plume se révèle vigoureuse et agréable au fil des lignes. Extrait choisi :

De l'extrême-gauche à l'extrême-droite, ce qui prime, c'est la recherche d'une clientèle, c'est le pouvoir, le mensonge, l'imposture et la frime. C'est le mépris du pauvre con qui pisse sa confiance dans l'urne sans penser à la vérole du désenchantement qui, le rendant hargneux et pris d'une rage aveugle, le prédisposera à la barbarie du chacun pour soi et du tous contre tous.

Le livre étant très court, je n'en dévoile pas plus... Si cet extrait vous a mis l'eau à la bouche, sachez que vous pouvez commander l'ouvrage sur le site des éditeurs ou dans les bonnes librairies belges.
Il me semble important par contre de préciser que l'ouvrage est illustré par les peintres Joseph Ghin et Serge Poliart, ce dernier étant le rédacteur en chef du Batia Mourt Sou, journal satirique auquel j'ai un peu participé et dans lequel j'ai découvert la plume de Raoul Vaneigem.

La dernière partie du livre consiste en une conversation avec Jacques Rétif, ancien conseiller communal et chef de file du parti ECOLO à Boussu qui a claqué la porte, notamment parce que sa formation était devenu un parti comme un autre. L'éditeur du livre, l'écrivain Jean-Philippe Querton , est lui-même candidat aux prochaines élections communales sur une liste citoyenne créée par refus de voir le MR, parti de droite au pouvoir, être le seul parti à se présenter dans sa petite commune de Mont-de-L'enclus.

Alors, voter ou ne pas voter, telle est toujours la question ?

Je considère pour ma part qu'il est difficile de répondre à cette question par un OUI ou un NON absolu comme le font les partisans inconditionnels de la démocratie représentative actuelle ou de l'anarchisme sans concession. Il me semble que tout est une question de contexte politique et de type de scrutin. Au niveau fédéral par exemple (grosso modo le niveau national en Belgique), les gouvernements successifs ont tous été des coalitions qui ont appliqué, avec des calendriers différents certes, la même politique néolibérale dictée par l'Union Européenne.

Dans un tel contexte, à moins qu'un parti n'ait comme première revendication de pouvoir appliquer un programme social et écologique fort, en rupture totale d'avec ce super-État à la vision unique, je vois donc de moins en moins l'intérêt de voter. Et encore, l'exemple de SYRIZAen Grèce nous aura prouvé que la Troïka pouvait même obliger une formation politique qualifiée de gauche radicale à s'en prendre aux plus faibles sous peine de chantage financier...

A contrario, la commune me semble être le seul niveau de pouvoir à demeurer un tant soit peu proche du citoyen et de ses préoccupations quotidiennes. Je voterai donc bel et bien aux prochaines élections communales.

Et vous, est-ce que vous irez voter aux prochaines élections ? Et pourquoi ?