#moiaussi, j’ai mes besoins

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Je suis de l’autre côté du #moiaussi : je l’ai fait. Tsé veut dire : j’ai mes besoins. Pis à soir, ça se passe chez Stéphanie. Elle est belle Stéphanie, je l’aime bien. Trop, même.

Je me dirige chez elle pour une soirée jeu vidéo. Seb vient aussi. Pis, il y a toujours Christophe, le coloc de Stephanie. Je suis content de ne pas me retrouver seul avec elle. Je sais que je suis freindzoné. C'est correct mais en même temps, ça fait depuis que Caroline m’a laissé cet hiver que j’ai pas baisé. Une chance que la belle Stephanie était là pour me ramasser à la petite cuillère. Ça fait depuis ce temps-là que j’ai envie d’elle.

J’arrive à sa porte. Je cogne. Elle ouvre : « Hey, allo Andrey, aller rentre… » Je regarde autour de moi : « Seb est pas là? » Elle précise : « Non… il va juste y avoir Christophe. Mais, tantôt »

Tsé, j’y veux pas de mal à Stephanie. Elle me fait vraiment confiance et je veux garder cette confiance. Mais, sérieux, être seul avec elle, dans l’état où je me trouve, j’aurai pas le choix de penser à ma grand-mère pour ne pas sentir une patate pousser dans mes shorts.

Je sais bien qu’elle ne fait pas tout un plat de l’absence de Seb. Elle doit plus penser à Christophe. Elle est tombée amoureuse de son coloc, ça parait. Elle apporte un paquet de 12 bières, en débouche deux et s’assoit sur un divan avec une manette dans les mains. Fais que je m’assoie à côté d’elle. Je prends l'autre bière ouverte et une manette. En appuyant sur play elle me dit avec une mine triste : Christophe va rentrer plus tard, il est allé voir UNE amie, il vient de me texter.

Tabarnaque de Christophe: il a freindzoné Stéphanie. Elle m’a conté ça. Ça m’a mis dans tous mes états. Maudit que j’aimerais être à la place de Christophe. L’hostie de con, il a demandé à Stéphanie comment s’inscrire sur Tinder. Ça lui a tellement fait mal, pauvre chouette.

Je vois qu’elle retient un motton dans sa gorge, j’veux pas voir de larmes sur sa joue. Pis j’me dis que j’ai peut-être une chance avec elle. Je mets un de mes bras autour de ses épaules et je la berce un peu en lui disant : « Dédé est là pour te distraire ma jolie. » Elle sourie et elle me regarde droit dans les yeux pour me lancer un : « Merci, je suis contente d’avoir un ami comme toi ».

**Ayoye! Je vais devoir penser à ma grand-mère câlice! **

On commence à jouer pis à boire de la bière pour de vrai. On a du fun. On est tellement con quand on joue ensemble. Je la vois boire au même rythme que moi. J’ai deux fois et demi son poids. C’est pas pour rien qu’elle va perdre cette game-là. En plus, orgueilleuse comme elle est, je sens qu’elle va vraiment s’énerver. Surtout que, pour elle, lorsqu’elle perd contre un gars et qu’elle est soule, c’est comme si elle avait perdu un combat féministe. Fais que elle sort des : « C’est pas parce que j’ai un vagin que j’ai perdu, c’est à cause de la bière » et d’autres phrases ridicules du genre. J’ai bien beau savoir que c’est vrai, c’est ben trop drôle de dire le contraire pour la voir s’énerver. À quelque part ça m’excite de la voir s’énerver. Elle est belle quand elle s’obstine.

Elle est vraiment rendue soul, je la blanchis totale. Elle commence à s’énerver. J’aime ça. Cette fois là, au lieu de tout mettre sur le dos de la bière, elle met ça sur ma faute et me crie : « Toi mon p’tit verra! »

Je comprends tout de suite la référence : Homer qui s’apprête à étrangler Bart dans Les Simson traduction québécoise. Elle fait mine de m’étrangler. Elle est debout sur le divan. Je sens ses deux petites mains autour de mon cou : elles sont trop petites pour faire vraiment le tour. Je fais semblant de perdre connaissance. Ça me permet de me coucher sur le divan. Elle n’a plus d’équilibre et me tombe dessus. Elle est morte de rire. Elle s'amuse. Elle me fait confiance. Encore coucher sur moi, elle essaie d’atteindre la manette qu’elle avait lancée sur le pouf avant de m’étrangler.

Je sens son corps sur moi, en train de gigoter pour atteindre une manette ben trop loin. Je sais ben qu’elle veut juste jouer. J’ai pu le même jeu en tête. J’ai juste envie d’elle.

Qu’est-ce que je fais là? Maudite marde! Je lui veux pas de mal, c’est mon amie. Je veux qu’elle puisse continuer à me faire confiance. Je veux pas qu’elle sente que je suis en train de bander. J’veux que dans sa tête elle n’y ait qu’un jeu d’enfant. Fais que je dis : "Oh fuck, je pense que le chili de la cafétéria veut sortir!"

Elle me répond : "Ben va chier!"

J’aime mieux qu’elle me le dise dans ce contexte-là. Je la prends dans mes bras et je l’assoie sur le divan. Je lui mets des écouteurs sur les oreilles. Elle me demande ce que je fais là. J’réponds que je veux pas qu’elle m’entende chier. Spotify s'occupe de Steph et j’me sauve dans la salle de bain.

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Je flush les kleenex pis je mets du désodorisant dans la salle de bain : histoire de faire semblant jusqu’au bout. Je suis pas certain de savoir si ma réaction a été correcte, mais c’est quand même moins pire qu’autre chose. En revenant dans le salon, je vois Stephanie qui s’est endormi tout croche. Elle est vraiment saoule. Je la couche sur le côté, juste au cas. Pis je m’assois sur le divan d'à côté.

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Elle l’a vraiment échappé Stéphanie. Tsé, ça arrive à tout le monde de l’échapper une soirée. Je suis juste soulagé que ce soit moi qui la ramasse. J’aurais pas voulu qu’elle tombe sur quelqu’un de plus croche que moi.

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La porte se déverrouille.

C’est Christophe, le beau coloc qui demande surprit : « Vous avez rien fait? »

Je répond: « On a gamé ».

Il me regarde comme si j’tais un extraterrestre : « T’es resté 5 h avec une belle fille de même pis c’est tout? Avoir su, j’serais pas allée veiller avec Seb. On était vraiment sur qu’il y avait de quoi entre vous deux. »

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Je tends à Christophe une bière pis une manette. Faut qu’on se parle, pis que je m’inscrive sur Tinder.