L'alchimie spirituelle (part. II), par Roger Guasco

in fr •  7 years ago 

L’œuvre au blanc :

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Pendant cette phase, symboliquement la couleur passe du noir au blanc, cela veut dire que l´homme va s´épurer de ses imperfections, de toutes les erreurs que son éducation lui avait fait prendre pour des vérités.
Tout doucement, il va se mettre en chemin, de prise de conscience en prise de conscience, pour se connaître lui-même et connaître le monde qui l´a fait naître.
Dans cette descente en lui-même, il se heurtera à tout ce que son milieu a voulu faire de lui et il devra s´en libérer. Il se heurtera à toutes les mémoires de l´humanité qu´il porte en lui et qui aujourd´hui sont devenues un frein à son évolution.
Pendant ce processus de transformation il comprendra que le mal et le bien que définit la société, sont des chimères ; il reconnaîtra qu´une qualité aujourd´hui pouvait être un défaut et une faiblesse il y a quelques centaines d´années. Inversement, un défaut aujourd´hui pouvait être une qualité vitale chez un homme de Cro-Magnon.
En conséquence, le bien et la mal sont relatifs à l´évolution : le bien se transforme en mal si on le perpétue au-delà de sa nécessité.
Par exemple, le désir de sécurité est un bien, s´il reste un moyen de se libérer l´esprit ; l´individu qui a un toit, une profession, sait qu´il n´y a pas nécessité pour lui de rechercher abri et nourriture, aussi il petit utiliser son mental à autre chose.
Par contre, et c´est valable pour presque tout le monde dans nos sociétés occidentales, quand la sécurité n´est plus un moyen, mais une valeur instrumentale, quand elle est devenue une finalité, elle est dans ce cas, un mal.L´homme n´utilise plus la sécurité pour vivre, il vit pour sa sécurité et en meurt étouffé.
La sécurité sous toutes ses formes, est aujourd´hui le fondement de nos structures collectives : sécurité financière, psychologique, sentimentale, physique, métaphysique ; il faut être garanti, assuré, protégé contre tout !
A ce moment là, la sécurité instrument de vie, si elle s´était limité à sa fonction première, devient instrument de mort.

  • Mort mentale d´abord, parce qu´elle entraîne un arrêt de l´évolution, de l´intelligence humaine,
  • puis mort physique, quand elle atteint son aboutissement.
    Aujourd´hui, nos sociétés s´éteignent économiquement, politiquement et moralement par la sécurisation.
    Demain, les nations risquent de mourir à force de s´être sécurisées par accumulations d´armes de toutes sortes, elles mourront alors par les mêmes armes qui devaient les protéger, au nom de la sécurité qui devait les faire vivre.En conséquence, ce qu´aujourd´hui les sociétés définissent comme un bien est souvent un mal.

L´Alchimiste doit s´en rendre compte ;
Ce que tous les individus recherchent, est le plus souvent à fuir et ce qu´ils dédaignent est peut-être digne d´intérêt.
Nos civilisations sont à leur fin et tout fonctionne à l´envers.
Elles n´ont pas pris conscience que la vie de l´homme devait prendre une dimension autre que celle de sa jouissance matérielle, pour s´être arrêté à ce stade, elles amènent l´être humain à disparaître et s´amènent elles-mêmes à disparaître.
Elles sont devenues des monstres de complexité, mais aussi de fragilité et, surtout, elles ne justifient plus leur existence que par l´inutilité : les loisirs, le confort au-delà du raisonnable, la mode, la surconsommation effrénée, l´exploitation démesurée des ressources de la Terre.
Pourquoi tout cela… pour rien !…
Pour se saoûler dans une illusion de jouissance, de sécurité.
Cette évolution est irréversible et mortelle… tout doucement ce qui faisait la vie de l´homme disparaît.
Ce qui ne sert à rien, la paperasse, le factice, le gadget, la législation, l´administration, remplacent la créativité, l´utile, l´individualité.
Ce qui est mort impose son carcan à ce qui vit encore.

C´est alors que l´homme comprendra que sa chute dans la matière était une nécessité.
Par l´exploration de cette dimension, il a pu se forger une intelligence, une connaissance et une compréhension des êtres et des choses qu´il lui était impossible d´acquérir autrement.
C´est parce qu´il tombe que l´enfant apprend à marcher !
C´est parce que la matière nous emprisonne que nous ressentons le besoin de la connaître pour la maîtriser, puis de nous en libérer lorsque est redécouverte la dimension de l´Esprit.
Ainsi, au fur et à mesure de sa compréhension de lui-même, de tout ce qui l´entoure, l´Alchimiste saura remettre les choses à leur place. Il se libérera progressivement de tous les pièges dans lesquels il se laissait disparaître.

Pendant cette phase de purification sa couleur symbolique virera progressivement du noir qui marquait la putréfaction, la vie végétative sans conscience, au blanc qui signifie en même temps, pureté et mort ; mort à ce simulacre de vie, revue et corrigée, par les structures humaines.

Lors de ce travail d´initiation, l´homme chemine dans sa conscience selon des hauts et des bas, les alchimistes appellent ce phénomène d´alternance, Solve-Coagula : Dissout Condense.

  1.  La période Solve, correspond à la dissolution d´une ancienne certitude, c´est une phase de déséquilibre, d´incertitude où la conscience s´est libérée de la marche précédente qu´elle avait fini d´explorer pour passer à la suivante qu´elle ne connaît pas encore. C´est la période où le connu éclate pour s´élargir au prochain stade de l´inconnu.
    
  2.  La période Coagula, période où la conscience  » retrouve ses billes  » pourrait-on dire, elle reprend possession du monde qu´elle explore avec son nouvel acquis, avec sa nouvelle liberté, avec sa nouvelle compréhension.
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