Mon premier sauvetage à la SNSM!!!! [FR]

[FR] : En septembre 2017, on m'avait demandé d'aller faire des photos pour la station de la SNSM locale. A l'occasion d'un exercice, j'ai donc passé trois heures parmi eux à les photographier. Et je ne saurai pas vous expliquer pourquoi mais j'avais envie de lâcher mon matos et d'être avec eux. En rentrant j'ai pris une semaine de réflexion. Rentrer à la SNSM, il y a des contraintes. Comme m'avait dit le Président, former des gens pendant un an pour ne plus les voir, cela ne nous intéresse pas. Huit jours plus tard, je suis revenu avec mon certificat médical... et j'ai commencé ma formation. Tous les samedis matins. Sans exception. Appliqué, j'ai appris les gestes de base, le matériel disponible et comment l'utiliser... et bien sûr j'ai une tonne de formations en cours (secourisme, permis divers...)... Bref, je suis canotier bénévole en formation depuis Septembre et à fond dedans. Fin décembre, notre grand patron, responsable de la formation, nous a appris à mes huit congénères que nous étions désormais 7ème homme. Alors, notre formation est loin d'être terminé mais désormais nous allons sortir sur les vraies interventions; 7ème homme, il aide comme il peut, il observe et il continue d'apprendre. Deuxième conséquence, on s'inscrit sur le planning des astreintes et il en faut 6 minimum par semaine! Bref, l'adrénaline et l'impatience vont commencer dès ce jour car je l'attends ma première vraie sortie... et c'est ce que je vais te raconter.

[FR] : Cette semaine, jeudi pour être exact, je prends la bagnole pour quelques courses à faire dans le coin. Je suis d'astreinte mais bon, à part le sac dans la bagnole, j'ai la tête complètement ailleurs. Et bien sûr le téléphone sonne. Un numéro que je ne connais pas. Je décroche et là j'entends la voix du patron : "C'est Cyril, on a besoin de toi au port, il y a une inter!". Surpris voire désarçonné, je lui réponds bêtement : "Maintenant?". Là le ton est très sec: "Non demain du con, à 10h00 avec les croissants! grouille ton cul, je te veux dans dix minutes" et il raccroche. C'est vrai que c'est très con, ce que je viens de lui répondre. Et comme je suis déjà en bagnole, en six minutes, je suis dans le vestiaire. Equipé en cinq minutes, je rejoins l'équipage de la grosse vedette. Equipage au complet, les moteurs n'attendaient que nous : hop nous prenons la mer.

[FR] : Dehors, il fait beau. Ce sont des grandes marées. Les plaisanciers sont donc allés juste en face de la côte au milieu des îles pour pêcher. On pourrait appeler ce coin les milles îles... il y a mille caillous. Autant te dire que c'est 90% de nos interventions car forcément, si tu ne connais pas le coin, sans GPS et sans une bonne carte, tu finis à cheval sur un rocher! C'est exactement ce qu'il s'est passé. Un pêche promenade s'est empalé sur un rocher à marée remontante et notre Zodiac est déjà sur site avec trois hommes pour l'assister, évaluer la situation et essayer de le sortir de là. Le zodiac est maniable, ultra puissant, mais tu n'as que très peu d'équipement dessus. La grosse vedette de toutes manières ne peut acceder à cet endroit, il n'y a pas assez de fond. Nous ne sommes donc là qu'en assistance, prêts à sauter dans le deuxième zodiac (qui est dans la vedette) pour amener le matériel nécessaire et au besoin lancer un remorquage depuis la grosse vedette!

[FR] : Difficile de repérer les naufragés, alors la vedette communique avec le Zodiac et les nouvelles ne sont pas bonnes : "voie d'eau sur le bateau et voie d'eau sur le zodiac... gérable pour le moment. Motopompe à prévoir et remorque, pas certain qu'on puisse les sortir... rappel dans dix minutes pour évaluation. Au pire, on récupère les deux mecs (comprendre qu'on laisse le bateau couler)"... Ah oui... là ça rigole plus. Alors, on fait comme à l'entrainement, on prépare tout sur le pont : motopompe, remorque (la corde qui va servir à tirer le bateau) et une équipe de deux saute dans un zodiac venu prêter main forte avec tout le matériel...

[FR] : Le deuxième zodiac est sur place et le bateau a été décroché de son rocher. Il est en train de couler forcément. Motopompe à bord. En marche. La VHF nous indique que c'est bon : "bateau étanché". En clair, la motopompe est capable de virer ce qui rentre. Le bateau n'est pas réparé pour autant et même cette bonne nouvelle peut évoluer. La deuxième bonne nouvelle, c'est que le gros zodiac de la SNSM a commencé le remorquage et que la puissance est suffisante malgré l'eau qu'ils ont aussi à bord. Il faut dire que sur ce zodiac, c'est le big big bosse qui est aux commandes. Ancien patron de la Marine Marchande, un bateau en dessous de 400 mètres, il appelle ça une barque. Avant qu'il panique, il lui en faut d'autres. Dans les jumelles, je commence à les voir s'approcher de nous.

[FR] : Une heure plus tard, le bateau éventré est dans le port. Il est immédiatement gruté (sinon il coulerait en moins de dix minutes). Notre mission est terminée et on peut commencer à tout ranger, tout rincer, tout nettoyer... prêt pour repartir. Les deux mecs qu'on est allé chercher n'en mènent pas large, ils ont vraiment eu peur. Là où ils étaient, les courants sont très violents, il y avait du vent... alors pourquoi? Tout connement, un moteur qui les lâche... et ils ont fini sur le caillou en nous appelant en urgence. Plus de peur que de mal finalement. Les sauveteurs ont rempli leur mission et on rentre à la station. Il n'y a pas de héros à la SNSM. Et pour cause. Nous avons des priorités. Dans l'ordre, c'est notre propre peau, ensuite celle des gens qu'on sauve et enfin le remorquage quand c'est possible de leurs bateaux. Nous sommes entraînés pour ça et parfaitement disciplinés. Ma première mission se termine ainsi. Je le savais que j'avais le virus. C'est confirmé!!!! vivement la prochaine!