Un vendredi soir pluvieux, Paris paralysée par la grève, tous les voyants n’étaient pas au vert pour faire de cette soirée du 6 Décembre une réussite. Mais il en fallait plus pour arrêter la Grande Famille du Métale venue célébrer avec Mass Hysteria la fin du Maniac Tour, et plus officieusement les 25 ans du groupe. Annoncée comme anthologique, encore plus que leur show titanesque du Hellfest déjà présenté comme « le plus grand concert de leur carrière », cette soirée faisait briller les yeux des fans de région parisienne mais également de partout ailleurs en France venus assister à ce moment unique. Partagé entre la déception de devoir laisser une partie de son public sur le carreau et son soutien à la protestation, le groupe a néanmoins pu compter sur un Zénith quasi plein et une armée de fans déchaînés. Retour sur ce concert aux allures de célébration.
- POGO CAR CRASH CONTROL -
L’affiche 100% française de ce soir est ouverte par les jeunes franciliens de Pogo Car Crash Control et leur post-grunge-punk-metal-larsen-ultraviolence pour leur tout premier Zenith, devant une salle très peu remplie du fait de la grève, retardant l’arrivée de nombreux spectateurs. La formation a déjà taillé au fil du temps une petite réputation à sa musique située à mi-chemin entre BB Brunes et Cannibal Corpse, à la fois violente et criarde, notamment grâce à quelques performances lives très remarquées au Hellfest 2018 et à la Flip Party. Et les voici, jeunes et fringants, prêts à enflammer la Villette en ce pluvieux soir de grève.
Le public de Mass Hysteria semble d’abord dubitatif face à ce déferlement, mais le groupe ne se laisse pas démonter par cette apparente frilosité et donne tout ce qu’il a. Et avec succès, puisque la foule commence peu à peu à réagir face à l’énergie qui émane du quatuor. La bassiste Lola est comme à son habitude une bête de scène, visiblement totalement transcendée à l’idée de jouer dans une salle à cette échelle. Petit à petit la mayonnaise prend avec le public, et la fosse se déchaine définitivement quand le frontman appelle un wall of death à l’aide d’une blague foireuse sur le divorce de tes parents (du génie, je vous jure), la violence allant alors crescendo jusqu’au titre final, le déjà classique Crève.
PCCC nous offre une performance digne de sa réputation et prouve sa capacité à retourner une grande scène avec autant d’efficacité qu’un petit bar. Ce petit groupe de potes de Lésigny (77) (une super ville, pas forcément hyper animée) a su convaincre ce Zenith et commence à se tailler une place sur la scène metal française à la manière d’un Rise of the Northstar quelques années plus tôt, et on leur souhaite le même succès dans les années à venir.
« Grunge is not dead »
SETLIST
- Déprime Hostile
- Rires et Pleurs
- Paroles/M'assomment
- Je Suis Un Crétin
- Hypothèse Mort
- C'est pas les Autres
- Chômedu
- Conseil
- L'odeur de la Mort
- Crève
Alors là, je n’étais clairement pas préparé à ce qui m’a percuté de plein fouet quand Hangman’s Chair a commencé à jouer. Pensant avoir affaire à un groupe de Stoner/Doom quelconque je ne me suis pas méfié de l’impact psychotrope que pouvait avoir la musique du groupe sur son auditeur, et quelle ne fut pas ma surprise quand dès les premières notes je me suis retrouvé hors du Zénith et de mon propre corps.
Le set des Essonniens était planant avec un P majuscule. Une suite ininterrompue de mélodies envoûtantes propulsées par des basses d’une lourdeur profonde, chaque coup de grosse caisse faisait trembler les poitrines, chaque note de guitare détruisait un peu plus les neurones. Cette formidable performance transcendante a-t-elle duré deux minutes ou deux jours ? Impossible à dire tant la musique vous absorbe et vous entraine dans le voyage de votre choix.
Le stoner de la formation jure un peu avec le côté plus punchy du reste de l’affiche, mais sans pour autant dénoter totalement. Une excellente surprise de la part d’une soirée où je ne pensais pas pouvoir prendre mon pied ET rester parfaitement immobile pendant plusieurs dizaines de minutes, Hangman’s Chair a su faire voyager la salle, alors en train de se remplir petit à petit, et a détendu les esprits et les corps avant la mêlée qui les attendait face au headliner.
Et voici venue l’heure de faire trembler les murs. Juste le temps de passer True Survivor de David Hasselhoff tandis que les techniciens achèvent le changement plateau, cachés derrière un gigantesque drap blanc frappé du logo du groupe, et les furieux sont enfin rassasiés. Le chanteur Mouss s’adresse à la foule derrière ce drap, la haranguant une dernière fois avant de donner le coup d’envoi. Les premières notes de piano de Reprendre Mes Esprits résonnent dans le Zénith, couvrant avec peine les hurlements du public, puis les guitares se lancent sur le temps exact où le drap tombe, et nous voici lancés dans deux heures pendant lesquelles le groupe n’aura jamais aussi bien porté son nom.
La setlist ressemble comme promis à une version étendue de celle du Hellfest, avec presque tous les titres de celle-ci. On a ici pelle-mêle des titres provenant de toute la discographie du groupe sans discrimination pour un concert anniversaire construit comme un best of de ces derniers 25 ans. La mise en scène est aussi très semblable à celle du Hellfest, même si on regrettera l’absence du gigantesque mur de LEDs de la Mainstage 2 dont les projections donnaient une tout autre dimension à la performance. Mais même quasiment à vide l’ambiance est folle furieuse. Deux heures de pogos ininterrompus face au metal industriel martial du quintet, le tout entrecoupé d’un dialogue entre le chanteur et les fans, comme de vieux amis venus célébrer cette grande occasion.
Au bout d’une dizaine de morceaux, le groupe se permet un petit trait d’humour meta en allumant un système pyrotechnique tout à fait honorable sur le morceau Se Brûler Sûrement (hilarant dîtes donc). La mise en scène monte alors d’un niveau, galvanisant encore un peu plus la foule en délire, avec l’arrivée de ces langues de flammes dispersées un peu partout sur la scène.
Le plaisir que prennent les membres du groupe et le public est palpable. Tout le monde saute en tout sens autant sur scène que dans la fosse, les circle pits et wall of death s’enchaînent, on peut reprocher bien des choses à Mass Hysteria mais il est strictement indéniable que leur aura en live est prodigieuse. Le point culminant étant l’hommage que le groupe rend aux victimes du terrorisme à chaque concert, L’Enfer des Dieux. La lumière s’éteint presque pour laisser place à une rangée de gros braseros alignés sur scène, et les spectateurs allument à l’unisson les lampes de leurs smartphones jusqu’à illuminer la scène entière. L’interprétation est impeccable, et les frissons vous parcourent au son de cette marche mid-tempo d’une lourdeur à couper le souffle, semblant toujours plus violente au fil de l’écoute.
S’ensuit une série de tubes dont le cringe mais néanmoins extrêmement efficace Plus que du Metal sur lequel la foule donne tout ce qu’elle a dans des wall of death dont je ressens encore les conséquences, puis vient le moment d’un petit rappel, et la magie finit par s’éteindre sur l’inévitable et classique Furia.
Avec cette performance de plus de deux heures sur les 1h40 prévues, Mass Hysteria remplit parfaitement son pari. L’hystérie collective est bien là, accompagnée de la passion des fans, et parfois de la nostalgie à l’écoute de certains titres plus joués en live depuis des années. L’idée était de faire de cette soirée une célébration de la carrière du groupe, et l’effet produit est exactement celui recherché. Si la formation décidait de se séparer ici, ils ne pourraient pas rêver d’un meilleur final, mais l’aventure continue pour Mass Hysteria qui n’a pas fini de dispenser sa furie aux quatre coins de l’hexagone.
SETLIST
- Reprendre Mes Esprits
- Vae Soli !
- Notre Complot
- Une Somme de Détails
- Babylone
- Vector Equilibrium
- Positif à Bloc
- Failles
- Même Si J'explose
- Se Brûler Sûrement
- Nerf de Boeuf
- Derrière la Foudre
- P4
- Contraddiction
- Aimable à Souhait
- L'enfer des Dieux
- Plus que du Métal
- Tout est Poison
- Chiens de la Casse
- Arômes Complexes
- Donnez-vous la Peine
- Knowledge is Power
- Furia
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