Le chef de l’Etat a affirmé mercredi que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas anticipé l’accélération de l’épidémie de Covid-19. Ce qui est faux.
Par Adrien Sénécat Publié hier à 17h58, mis à jour à 09h12
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« Nous avons tous été surpris. » A ceux qui critiquent sa gestion de l’épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron a rétorqué, mercredi 28 octobre, que le virus aurait circulé en octobre à une vitesse qui dépasse tous les scénarios envisagés jusqu’ici. Mais sept mois après le premier pic épidémique du printemps, le coronavirus SARS-CoV-2 continue-t-il vraiment de nous surprendre ? Ou a-t-on ignoré les signaux d’alerte ?
Ce qu’il a dit
Pour Emmanuel Macron, « le virus circule en France à une vitesse que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas anticipée ». Selon lui, « nous avons tous été surpris par l’accélération soudaine de l’épidémie. Tous. »
POURQUOI C’EST FAUX
L’Institut Pasteur avait envisagé une saturation encore plus rapide des services de réanimation
Bien sûr, il n’est pas simple d’anticiper l’évolution d’une épidémie. Il faut également reconnaître qu’un grand nombre d’opinions divergentes se sont exprimées sur l’épidémie due au coronavirus SARS-CoV-2 au cours des dernières semaines. Mais les propos du chef de l’Etat posent problème lorsqu’il prétend que la situation actuelle dépasserait tout ce qui a pu être imaginé par les spécialistes.
Les différentes modélisations qui ont été versées au débat public ces derniers mois tentaient d’explorer plusieurs cas de figures possibles. Un exercice difficile puisqu’il existe de nombreuses incertitudes sur les propriétés du virus et sur les facteurs humains.
Début octobre, le gouvernement s’est appuyé à plusieurs reprises sur des prévisions de l’Institut Pasteur datées du 25 septembre. Le 4 octobre, Le Journal du dimanche relayait ces « projections qui inquiètent le gouvernement », évoquant une possible saturation des services de réanimation dès la mi-novembre. Ces graphiques diffusés sur Twitter par le ministère de la santé reprennent ainsi ces modélisations dans plusieurs villes :
https://zenodo.org/record/4162208
https://zenodo.org/record/4162226
Sauf qu’à la fin du mois de septembre, plusieurs indicateurs pouvaient laisser penser que l’épidémie semblait ralentir ou progresser moins rapidement, comme on peut le voir dans les graphiques ci-dessous.
L'évolution de l'épidémie de Covid-19 en France
Trois indicateurs journaliers pour suivre l'épidémie, données mises à jour le 29 octobre