Les lectures d'organisation temporelle, de self-development et d'optimisation de la performance intellectuelle amènent vers des pratiques qui me sont totalement étrangères, notamment la méditation.
Je l'avoue, je suis plein de croyances quant à ce sujet, simplement parce que la méditation ne m'a jamais intéressé et ne restait pour moi qu'une pratique consistant à s'asseoir en tailleur pour essayer de faire le vide en joignant les mains.

Et puis hier soir, je suis parti faire une petite séance de sport sur les quais de Seine. Par pur hasard, j'y ai rencontré un médecin en psychiatrie. La discussion se faisant, nous en sommes arrivé à la neurologie, puis à la méditation. Selon ses dires, la méditation réelle permettait de modifier certains réseaux de neurones sur le long terme et permettait même de traiter divers troubles psychiatriques comme la schyzophrénie.
Intéressant et rompant avec mes croyances, j'ai décidé de me renseigner sur le sujet, et donc de vous rapporter mes trouvailles. Alors, broscience ou réalité ?

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Méditation, mindfulness

En Australie, une personne sur 6 pratique la méditation pour prendre du recul et diminuer son niveau de stress, de dépression et d'anxiété⁶.

Il en existe d'ailleurs plusieurs types. John Kabat-Zinn a été un des premiers à relier la méditation et la science sans aspects religieux et participa à populariser la méditation en pleine conscience, ou mindfulness. Ce type de méditation consiste globalement en une focalisation sur l'instant présent et l'acceptation en l'absence de jugement pour devenir conscient de nos schémas émotionnels et cognitifs.
De plus en plus populaire, ce type de méditation fait donc l'objet de nombreuses recherches scientifiques notamment en psychologie et en neurologie.

Aspects neuropsychophysiologiques

Les aspects psychologiques semblent survenir très rapidement. Dès la première séance selon Yang-Gyeong Yoo et al., où les protocoles mis en place en classe ont permis de réduire significativement les bio-marqueurs physiologiques liés au stress, l'anxiété et les symptômes dépressifs chez des élèves en école élémentaire en Corée du Sud³.

Le stress est géré au sein du corps par le système nerveux autonome, et plus précisément par les systèmes nerveux sympathiques (SNS) et parasympathiques (SNP)**⁵.
Le SNS est vulgairement le système réactionel permettant la mise en place de mécanismes de défenses quant à une situation stressante et/ou menaçante via les muscles et autres organes effecteurs. Le SNP est l'antagoniste du SNS, permettant un retour à une baseline.
Là où le SNS réagira en augmentant la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la température corporelle et les taux d'hormones et neurotransmetteurs comme le cortisol ou l'adrénaline, le SNP remettra le corps en situation de de repos.
La méditation réduit significativement la pression diastolique et systolique et peut réduire la fréquence cardiaque de 3 a 5bpm.

Au-delà des aspects touchant les émotions le domaine de la santé publique entre en ligne de compte.

Il a été rapporté cette année dans le journal Frontier of Psychology que la méditation améliorait la tolérance à la douleur chez les athlètes sur du moyen terme via un protocole de pratique régulière de Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR)** sur 8 semaines⁴. Ce papier pourrait donc directement impacter la préparation mentale des athlètes.

Certains protocoles expérimentaux mis en place par l'Université de Séville semblent améliorer les capacités cognitives quant à la résolution de problèmes chez des étudiants en ingénierie¹³.

Les protocoles basés sur le mindfulness sont particulièrement étudiés en psychiatrie.
Comme le rapporte le journal Mindfulness - Springer⁸ (Possible conflit d'intérêts, biais de confirmation ?), les protocoles permettent d'améliorer les capacités cognitives, propos corroborés par la méta-analyse de Shian-Ling Keng, et al. en 2011. Ceux-ci pourraient permettre l'amélioration des pathologies comme l'ADHD (troubles de l'attention et de l'hyperactivité) et les TCA (troubles du comportement alimentaire comme la boulimie, l'anorexie, etc...)⁷.

La méditation focalise consciemment la puissance de traitement du cerveau sur un nombre limité de choses comme la respiration ou les positions en réduisant le traitement des informations non-essentielles. Peter Hall, professeur associé, School of Public Health & Health Systems.

C'est justement cet aspect qui pourrait permettre d'aider à lutter contre la schizophrénie, pathologie résultante d'une mauvaise interprêtation du surplus d'informations non filtrées par le cerveau où la médication ne marchent pas pour 25-30% des patients^9,10.

Aspects neurologiques

La pratique sur le long terme de la méditation semble engendrer des modifications cérébrales. Haakon, et al.¹, dénotent notamment des différences visibles à l'IRM entre des pratiquants de plus de 40k heures et des sujets témoins au niveau des zones corticales liées aux interactions sociales et des comportements émotionnels.
En 2009, un papier publié dans le journal NeuroImage notait que les pratiquants avaient un hippocampe et des volumes de matière grise plus importants au niveau du cortex frontal^2,15 tout en épaississant de nombreuses autres régions cérébrales au niveau des gyrifications corticales (les replis visibles du cerveau)¹⁴.

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Fig2. Différences cérébrales entre un groupe contrôle (CTL) et de pratiquants (MED). Colorimétrie en fonction de la significativité T.

Les pratiquants sur le long terme semblent avoir une meilleure connexion entre le cortex préfrontal ventromédian, le gyrus frontal inférieur droit (associé aux inhibitions volontaires et au self-control) et les aires motrices supplémentaires^12,11.

Au regard des précédentes études mentionnées, il apparaît que ce genre de pratique est bénéfique sur le court et long terme, tout en provoquant des changements liés à la plasticité cérébrale.
Dans les prochains jours, je pense m'informer sur les réelles techniques de méditation qui semblent largement polluées sur l'internet par la pseudoscience et la religion. Si cela vous intéresse, pourquoi ne pas en faire un second article ?

Références

1. Haakon G.Engen, et al., Structural changes in socio-affective networks: Multi-modal MRI findings in long-term meditation practitioners. 2018. DOI : 10.1016/j.neuropsychologia.2017.08.024
2. Eileen Luders, et al., The underlying anatomical correlates of long-term meditation: Larger hippocampal and frontal volumes of gray matter. 2009. DOI : 10.1016/j.neuroimage.2008.12.061
3. Yang-Gyeong Yoo, et al., The Effects of Mind Subtraction Meditation on Depression, Social Anxiety, Aggression, and Salivary Cortisol Levels of Elementary School Children in South Korea. 2016. DOI : 10.1016/j.pedn.2015.12.001
4. Mohammed Wa , et al., Effect of Mindfulness Based Stress Reduction (MBSR) in Increasing Pain Tolerance and Improving the Mental Health of Injured Athletes. 2018. DOI : 10.3389/fpsyg.2018.00722
5. How meditation affects the brain to help you stress less
6. Complementary and alternative medicine use in Australia: a national population-based survey. - PubMed - NCBI
7. Shian-Ling Keng, et al., Effects of Mindfulness on Psychological Health: A Review of Empirical Studies. 2011. DOI : 10.1016/j.cpr.2011.04.006
8. Yoga and meditation improve brain function and energy levels
9. How meditation can help sufferers of schizophrenia
10. Christoph Correll, et al., What is the risk‐benefit ratio of long‐term antipsychotic treatment in people with schizophrenia? 2018. DOI : 10.1002/wps.20516
11. Davidson, et al., Buddha's Brain: Neuroplasticity and Meditation. 2008. PMID : 20871742.
12. Gunes Sevinc, et al., Common and Dissociable Neural Activity After Mindfulness-Based Stress Reduction and Relaxation Response Programs. 2018. DOI : 10.1097/PSY.000000000000059
13. Beatriz Bernárdez, et al., An experimental replication on the effect of the practice of mindfulness in conceptual modeling performance. 2018. DOI : 10.1016/j.jss.2016.06.104
14. Eileen Luders, et al., The unique brain anatomy of meditation practitioners: alterations in cortical gyrification. 2012. DOI : 10.3389/fnhum.2012.00034
15. Mindfulness practice leads to increases in regional brain gray matter density - ScienceDirect

Table des illustrations

• Fig1. CC0 Pixabay,
• Fig2. CC BY-SA Luders, 2012.

Pour aller plus loin

• Effects of Mindfulness on Psychological Health: A Review of Empirical Studies
• Train meditation and no coffee? Pro tips for a healthier morning commute
• Meditation affects brain networks differently in long-term meditators and novices
• Jiang Xu, et al., Nondirective meditation activates default mode network and areas associated with memory retrieval and emotional processing. 2014. DOI : 10.3389/fnhum.2014.00086
• Les livres de John Kabbat-Zinn.

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