La terre, le sol, la matière… Humidité, humus, humeur ; la matière de sa terre intérieure?
Boue gluante, non. Marécage, non. Sol spongieux, non. Terre lourde, noire, elle ne sait pas.
Elle se souvient de la terre, de la roche friable rouge orange du lac des souvenirs, l’ocre terre sèche poussiéreuse à la sortie de la ville endormie.
La matière terreuse s’incruste sous ses ongles. Que c’est bon de malaxer la glaise de l’enfance. Mais pour en faire quoi?
Adam, Adama : l’Être primordial, issu de la terre, issu de la glèbe, d'aucuns l appellent le glébeux.
Qu’est ce qui pousse sur cette terre?
Et moi et moi quelle glébeuse étais-je ? Suis-je ? Serai-je?
Je suis ce que je suis et rien ne pousse de ma terre… Si ce n’est un cri, une longue lamentation : "Sometimes I feel like a motherless child"…
Il pousse des ronces qui me blessent aujourd’hui mais demain elles seront rose iris rose iris. Blancs les lilas. Beau mon jardin. Beau comme un nouveau né mêlant son vagissement aux notes de ton oud…
J’ai connu les pleurs et j’ai vu le soleil.
J'ai parcouru Yeroushalaïm.
Bien sûr que j ai choisi mon camp. Où croyais-tu que je puisse croitre si je ne peux laisser mes cheveux voler au vent?
Bien sûr que j ai choisi mon camp, je crois qu’il est où me pousse le vent...
Est ce que le vent dessèche la terre ou sa tâche est-elle de disséminer les graines? Tu penses qu’elles vont vouloir pousser les graines?
Et que fait la ronce de la colère si ce n’est m'étouffer?
As-tu entendu comment m’écorche la ronce? Pourquoi n’as-tu pas écouté comment irradie mon jardin -loin des pleurs- ? Rose Iris Rose Iris. Rose ma bouche. Où est l’iris de tes yeux? L’aubépine de la joie m’apaise. De ta joie ou de la mienne?
C'est idem. Identiques nos joies d’aubépine. Ensemble nos voix. Te souvient-il comme elles chantaient autrefois?
Laisse croitre le glébeux qui est en toi. Adam Adama. La verticalité… Elle pousse la graine. Elle croît la plante. J’attends. Je ne vais pas repartir cette fois
Ici mon souffle ne se déploie t-il pas? Ici et maintenant, la plante c'est moi.