L’affaire des perturbateurs endocriniens prouve encore une fois que ce sont les États qui peuvent protéger les peuples et que c’est l’Europe qui les menace.

in upr •  7 years ago 

22 juin 2017 : Macron prétend être le champion d’une « Europe qui protège »

Il y a moins de deux semaines – le 22 juin dernier – Emmanuel Macron se rendait à son premier Conseil européen à Bruxelles pour y prendre la pose marketing du « sauveur de l’Europe », abondamment relayée par une presse complaisante.

Se proclamant « Européen convaincu », le nouveau chef de l’État avait affirmé être le champion d’une « Europe qui protège », selon lui le seul « rempart aux populismes ».Screen-Shot-07-04-17-at-06.57-PM.jpg

Seulement voilà : Patatras ! Moins de quinze jours après, le même Macron a décidé de se coucher servilement devant l’Allemagne.

4 juillet 2017 : Macron se couche devant l’Allemagne et accepte une Europe qui ne protège pas

En ce 4 juillet 2017, la Commission européenne a en effet obtenu, après plus d’un an de blocage, un vote favorable des États-membres à son projet très controversé de définition réglementaire des perturbateurs endocriniens (PE), ces substances chimiques, omniprésentes dans l’environnement humain, qui représentent un enjeu sanitaire majeur.

Et ce vote favorable a été obtenu à la majorité qualifiée (requise au sein du comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale de l’UE) et cela UNIQUEMENT À CAUSE DU REVIREMENT DE LA FRANCE :2.jpg

Le texte de la Commission européenne avait été inspiré par l’Allemagne, qui militait pour une réglementation peu contraignante pour son industrie.

Mais la France, sous la présidence de François Hollande, s’y était opposée depuis plus d’un an, aux côtés du Danemark et de la Suède, car la position de l’institution de Bruxelles était considérée comme une menace pour la santé publique et l’environnement par les sociétés savantes et les organisations non gouvernementales.

Trois sociétés savantes (l’Endocrine Society, la Société européenne d’endocrinologie et la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique) avaient en effet adressé le 15 juin dernier une lettre aux vingt-huit ministres de l’Union, leur enjoignant de rejeter la proposition de Bruxelles, au motif que celle-ci ne permet pas d’assurer « le haut niveau de protection de la santé et de l’environnement requis » par les traités européens et qu’ils « échoueront probablement à identifier les perturbateurs endocriniens qui causent des dommages chez l’homme aujourd’hui ».

Les scientifiques demandaient qu’une échelle graduée soit mise en place, distinguant les perturbateurs endocriniens « suspectés », « présumés » et « avérés » – à la manière de la classification des substances cancérogènes.

Or cette échelle, qui aurait permis une réponse réglementaire graduée, en fonction du niveau de preuve disponible pour chaque substance, n’a finalement pas été incluse dans les critères adoptés. En outre, le texte adopté conserve une clause, ajoutée à la demande expresse de Berlin, permettant, en contravention avec les objectifs du texte, d’empêcher un retrait des pesticides « conçus spécifiquement pour perturber les systèmes endocriniens des insectes ciblés ». Et ce, alors qu’ils sont aussi susceptibles d’atteindre ceux d’autres espèces animales, dont les humains.

Commentaires : ce sont les États qui protègent les peuples et l’Europe qui les menace

Le ministre « de la transition écologique et solidaire », Nicolas Hulot, a avalé sa première couleuvre sans trop de problèmes, en déclarant que l’Allemagne avait « obtenu cette exemption parce que [son] industrie tient évidemment à les conserver le plus longtemps possible ».

Au même moment, la « Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme » désavoue son fondateur en annonçant quant à elle « une définition au goût amer », à l’unisson de plus de 70 ONG européennes qui appellent le Parlement européen à rejeter les critères adoptés….

Pour tenter de sauver la face, M. Hulot a assuré que les experts français plancheraient sur ces pesticides et que « si leur dangerosité est avérée, nous les sortirons unilatéralement du marché ».

Cette position de M. Hulot est un hommage du vice à la vertu : sur l’affaire des perturbateurs endocriniens, comme sur l’affaire de l’huile de moteur dans les aliments, comme sur l’affaire de la réintroduction des farines animales, comme sur l’affaire du SMIC, comme sur l’affaire des travailleurs détachés, comme sur l’affaire des délocalisations, comme sur tant d’autres affaires dans tous les domaines, les événements prouvent une nouvelle fois que ce sont bel et bien les États qui protègent les peuples et que c’est l’Europe qui empêche de protéger les peuples.

[ Source : http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/07/04/perturbateurs-endocriniens-la-france-cede-a-l-allemagne_5155485_1652666.html#BCtMrxfTEDZ66BHC.99 ]

Conclusion : la défense de l’écologie et la « construction européenne » sont contradictoires. Il faut choisir.

Loin d’avoir accouché d’une « Europe qui protège », Macron s’est couchée devant Merkel, sans doute pour entretenir le bobard du « moteur franco-allemand ».

La santé des Français passe par pertes et profits, comme dans tant d’autres affaires, au profit des lendemains qui chantent de la prétendue « construction européenne ».

Le dénouement de cette nouvelle affaire des perturbateurs endocriniens prouve une nouvelle fois que l’on ne peut pas être à la fois pour la prétendue « construction européenne » et pour la défense de l’écologie.

Ceux qui prétendent le contraire sont obligés – tels EELV ou Mélenchon – de faire des contorsions sémantiques en promettant bien entendu « une autre Europe écologique et solidaire ». Mais ces bobards ne changent rien à la réalité des rapports de force et des appétits financiers et industriels qui prévalent ailleurs qu’en France, et notamment en Allemagne.

Pendant la campagne présidentielle, j’avais expliqué que l’on ne peut pas substantiellement changer d’Europe et que les blocages européens proviennent de l’irréductible divergence d’intérêts entres les États-membres. Et les médias, si complaisants avec les promesses de « changer l’Europe » prodiguées par les Macron, Fillon, Le Pen, Mélenchon, Dupont-Aignan, etc. devenaient aussitôt agressifs et diffamatoires à mon encontre.

Pourtant, les événements se chargent de faire apparaître qui disait la vérité et qui mentait aux Français.

Entre la défense de l’environnement et la prétendue « construction européenne », il faut choisir. L’UPR a choisi de proposer aux Français de quitter l’Union européenne au plus vite.
LREM, LR, le FN, FI, et tous les autres ont choisi d’y rester, tout en promettant de changer l’Europe comme on nous le promet depuis six décennies.

François ASSELINEAU

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