f.r.e.n.c.h Affaire Karachi : Édouard Balladur hanté par la campagne de 1995

in affaire •  4 years ago 

L'ancien Premier ministre Édouard Balladur, 91 ans, comparaît, mardi, devant la Cour de justice de la République dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi. Un épisode qui aura terni l'image et le nom du candidat malheureux à la présidentielle de 1995.

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Près de 25 ans après les faits, l’ancien Premier ministre Édouard Balladur est jugé, à partir de mardi 19 janvier, dans le cadre du volet financier de l'affaire Karachi, du nom d'un attentat commis dans cette ville pakistanaise le 8 mai 2002, tuant notamment 11 Français

À 91 ans, le disciple de l’ancien président Georges Pompidou devra répondre de soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995 devant la Cour de justice de la République.

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Suspecté d'avoir alimenté ses comptes de campagne grâce à des rétrocommissions à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d'euros), en marge des contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie saoudite, il est mis en examen, en 2017, pour "complicité d'abus de biens sociaux et recel" dans le cadre de cette affaire tentaculaire.

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Des accusations qui entachent le parcours et la carrière d'Édouard Balladur, dont le sérieux et la sérénité apparentes avaient contribué à entretenir l’image d’un honnête serviteur de l’État, comme le décrivent ses proches.

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Un parcours maîtrisé qui aurait pu le cantonner à jouer les seconds rôles, jusqu’à sa décision de se présenter à la présidentielle de 1995, contre son ami et chef de la droite Jacques Chirac.

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Né en 1929 à Smyrne (l'actuelle Izmir, en Turquie), au sein d’une famille catholique originaire du Caucase arménien et appartenant à la grande bourgeoisie commerçante, Édouard Balladur et sa famille s’installent à Marseille en 1934. Ses études supérieures le mènent ensuite à Paris sur les bancs de Sciences-Po, puis ceux de l'ENA (promotion France-Afrique), qui lui permettent ensuite d'intégrer le Conseil d'État.

Édouard Balladur fait ses classes dans l’ombre, avant d'entrer comme conseiller technique, à l’âge de 35 ans, au cabinet de Georges Pompidou, alors Premier ministre du général de Gaulle. Il suivra ensuite celui qu’il considère comme son mentor à l'Élysée en 1969, où il occupera les postes de secrétaire général adjoint, puis de secrétaire général de la présidence en 1973.

Après un passage dans le privé, il renoue avec la sphère politique dans les années 1980, dans le sillage de Jacques Chirac, ancien pompidolien comme lui, devenu un des leaders incontournables de la droite.

Totalement inconnu des Français, et tout juste élu député de Paris lors des élections législatives de mars 1986, il est nommé ministre d'État de l'Économie et des Finances, dans le premier gouvernement de cohabitation formé par Jacques Chirac pendant la présidence de François Mitterrand.

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Le ton invariablement courtois et monocorde d’Édouard Balladur, son langage châtié et ses airs de grand bourgeois aux chemises rayées, tranchent avec le style et le charisme de Jacques Chirac au sein du RPR, où certains cadres l’affublent de surnoms acides comme "Le cardinal", "Ballamou" ou encore "Sa Suffisance".

Marié et père de quatre fils, Édouard Balladur, qui fuit les polémiques et les débats stériles, reviendra sur le devant de la scène en 1993, après une victoire écrasante de la droite aux législatives. Jacques Chirac avait décidé de laisser Matignon à son ancien ministre de l'Économie et des Finances, qui n’a jamais publiquement manifesté la moindre ambition personnelle, afin de préparer de son côté la présidentielle de 1995 dont il se veut le candidat naturel de la droite.

Grisé par une cote de popularité flatteuse

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Nommé Premier ministre par François Mitterrand, Édouard Balladur jouit d'une cote de popularité flatteuse tout au long de sa mission et commence à rêver d’un destin élyséen, comme le lui promettent des sondeurs et ses proches collaborateurs, dont Nicolas Sarkozy, alors son ministre du Budget.

L’annonce de sa candidature à la présidentielle de 1995, depuis son bureau, lors d’une allocution télévisée de 8 minutes, est un cataclysme à droite, et provoquera, pendant près de vingt ans, une cassure entre balladuriens et chiraquiens qui pèsera sur l’histoire moderne de son camp.

Réservé, distant, et méfiant pendant la campagne, Édouard Balladur, qui se présente comme un candidat de rassemblement, assiste à une remontée de Jacques Chirac dans les dernières semaines de campagne. Une donne qui ne se démentira pas dans les urnes. Il est battu au premier tour, en obtenant 18,6 % des voix, derrière le socialiste Lionel Jospin (23,3 %) et Jacques Chirac (20,8 %).

Il assistera deux semaines plus tard au triomphe de son rival et ancien ami de 30 ans, qui s’attachera à bannir la majorité des soutiens d’Édouard Balladur de la vie politique pendant quelques années.

L’affaire Karachi

Au-delà de l’amertume de la défaite, les échos de sa campagne infructueuse de 1995 viendront hanter un Édouard Balladur retraité de la politique en 2007, mais que l'on dit toujours influent auprès de Nicolas Sarkozy.

Les premières évocations de rétrocommissions présumées apparaissent en 2009, lorsque le juge d’instruction Marc Trévidic, chargé de l’enquête sur l’attentat de Karachi, découvre une piste menant à un contentieux franco-pakistanais. Il est lié à l’arrêt de commissions versées par la France en marge de la vente de sous-marins, réalisée par ... le gouvernement d’Édouard Balladur en 1994.

En 2013, l’enquête menée par le juge Renaud Van Ruymbeke mène vers une preuve d'un lien entre les commissions versées à des intermédiaires étrangers en marge de contrats d'armement conclus par la France en 1994 et 1995, et le financement présumé occulte de la campagne présidentielle d'Édouard Balladur.

L'une des hypothèses alors envisagées est que la fin du versement des commissions aurait provoqué l'attentat de Karachi, le 8 mai 2002, en représailles contre la France. Cet arrêt avait été ordonné par Jacques Chirac en 1996, averti que ce flot d’argent avait pu profiter à son rival Édouard Balladur, via un système de rétrocommissions.

Se disant désireux de "faire face à ses juges et répondre à leurs questions", Édouard Balladur a toujours nié toute implication dans cette affaire, qui a déjà donné lieu à des condamnations à de la prison ferme.

Il risque jusqu'à cinq ans de prison, même si la Cour de justice de la République, qui fait l'objet de critiques pour sa lenteur et sa clémence, n'a jamais condamné de ministres à des peines de prison ferme.

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