Si je vous dis HABA vous pensez:
Mais ça ne s’écrit pas pareil, ici c’est HABA, l’éditeur de jeu. Nous allons parler dans cet article de 4 jeux de la collection ‘soirée jeux’.
Haba ? Ce ne serait pas les boîtes jaunes ça ?
Et si ceux sont bien celles-là, peuplant les crèches et les écoles maternelles. Vous connaissez tous ‘Le verger’ ou ‘La danse des œufs’. Depuis quelques temps (2015 exactement), l’éditeur a décidé d’élargir sa gamme aux familles ayant des enfants d’âge élémentaire. Fini les boîtes jaunes aux dessins enfantins et colorés. On trouve des illustrations plus travaillées, des thèmes favorisant l’immersion pendant la partie et des mécanismes plus poussés. Vous allez me dire pourquoi cette nouvelle ligne éditoriale puisque certaines boîtes jaunes étaient déjà des jeux à partir de 8 ans ? Eh Bien, je n’ai pas la réponse. Peut-être parce que nous ciblons trop Haba comme des jeux pour la petite enfance et il leur a fallu un nouveau coup marketing pour attirer l’attention, au vu du développement du marché du jeu de sociétés !
Parlons bien, parlons peu, parlons de ces boîtes flagguées ‘Soirées Jeux’
Booum!
Créé par Alexander Emerit et illustré par Timo Grubing, jeu à partir de 7 ans de 2 à 4 joueurs d’environ 20 minutes.
Il va falloir péter de la roche, prenez votre Ovomaltine …
Dans le village d’Old Town chaque habitant s’empare d’un bâton de dynamite et part le jeter dans la Ghost Mine afin d’en extraire l’or le plus rapidement possible en s’emparant des tuiles visibles. Si c’est de l’or, il faut le mettre en lieu sûr dans son coffre, si c’est une tuile action, l’effet doit être appliquer immédiatement (piocher 5 tuiles face cachée, lancer une deuxième dynamite sans les adversaires, vérifier si l’or des partenaires est licite (sinon les remettre dans la mine) ou provoquer un duel pour lui voler son or). A cela s’ajoute des tuiles spéciales permettant d’avertir les autres orpailleurs d’un danger, qui devront crier à l’aide avant de pouvoir descendre dans la mine chercher leur trésor.
Comme on le sait les mineurs ne sont pas au 35h, vous avez donc 12h de travail (12 tours) pour ramasser le plus d’or et être déclarer vainqueur.
En résumé
Nominé à l’As d’Or, Booum ! est un jeu de rapidité et d’analyse pour tous les âges. On pourra l’adapter même aux plus jeunes en leur acceptant de jouer avec les deux mains pour chercher l’or. Cependant, les tuiles étant très petites, il est plus facile de les attraper avec des petites mains que vos grosses paluches d’adulte.
On peut mettre également en avant les illustrations de la boîte en elle-même où Haba a pris le parti de représenter au même plan un homme et une femme mais aussi de jouer sur le côté générationnel en représentant un vieillard. Dans la boîte, équité totale entre deux femmes, deux hommes, deux jeunes adultes et deux personnes âgées que l’on a envie d’appeler papy mamie.
Booum ! est très apprécié des enfants, et adulé par l’aspirateur qui se fait une joie de vous rappeler que ces petits jetons sautent vraiment partout et très très loin, en particulier où vous n’avez pas pensé à regarder en rangeant la boîte avec vos marmots.
Les +
- Le matériel avec son bâton de dynamite
- La mixité des personnages
- L’immersion
- Jouer dans la boîte
Les –
- La taille des pépites pour les doigts boudinés
- Le double fond une bonne idée, mais qui fonctionne moins bien que le système de pentes de Fireworks jeu japonais
- Le prix. Je comprends la taille de la boîte car pour une immersion totale c’est ce qu’il faut, mais le rapport quantité de matériel/prix comparé à d’autres jeux de la gamme n’est pas justifié
- Pourquoi ce jeu est dans la gamme ‘soirée jeux’, il aurait plus eu sa place dans les boîtes jaunes
Karuba
Jeu créé par Rüdiger Dorn et illustré par Claus Stephan. Jeu à partir de 8 ans, de 2 à 4 joueurs pour une durée de 40 minutes.
Aurez-vous la jungle la mieux balisée ?
Chaque joueur a son équipe d’expédition (constitué de 4 aventuriers) et leurs temples associés, au même endroit sur leur île Karuba, de sorte que tous aient un plateau identique. En ayant des tuiles identiques, chacun va constituer sa jungle en essayant de relier son membre de l’équipage à son temple de la même couleur. Si c’est le premier de ses adversaires à atteindre ce temple, son trésor sera plus conséquent que le 2ème, qui lui-même sera au-dessus du 3ème afin qu’il ne reste plus rien au 4ème. Mais il faudra savoir renoncer à certaines plaquettes et faire le bon choix pour pouvoir avancer son expéditeur. Sans oublier que sur le chemin, il peut y avoir quelques pépites à ramasser…
Si un joueur a emmené ses 4 chasseurs à leur temple respectif ou si toutes les tuiles ont été jouées alors la partie prend fin. Le plus riche est déclaré meilleur explorateur.
Bienvenue en terre connue (un peu du moins) ?
Nominé au célèbre prix allemand, le Spiel des Jahres en 2016, on doit reconnaitre que ce jeu est fort sympathique. De part la mécanique, on pense en premier lieu au fameux jeu ‘Take It Easy’. Mais les chasseurs et leurs temples apportent un plus non négligeable, il fallait y penser ! A cela s’ajoute un matériel de haute qualité avec des plateaux et de tuiles épaisses et des figurines en bois.
Côté illustration, comme dans Booum, on va retrouver le jeune couple et le vieillard. Mais où est la mamie par contre ? Elle a été remplacée par un homme musclé en culotte courte et marcel, sans oublier les bretelles, le chapeau viril et la barbichette des temps modernes. Quant à la fille, on peut se demander ses origines mais peu probable qu’elle soit caucassienne. Là encore, Haba mise sur la mixité des sexes, des âges et des cultures.
En résumé, ce jeu peut être assimilé à un puzzle ludique et tactique.
Les +
- Le challenge d’avoir le même plateau et une multitude de jungles possibles
- Partie courte
- Multigénérationnel, un vrai jeu à jouer en famille quel que soit l’âge des enfants
- Jeu passerelle, idéal pour les enfants dont les boites jaunes deviennent ennuyantes mais qui ne sont pas prêt encore à jouer à des jeux destinés à ce que l’on appelle des ‘joueurs confirmés’
Les –
- Pas d’interaction entre les joueurs
- Un brin de chance (sur la fin vous priez pour avoir tel tuile pendant que l’adversaire veut l’inverse de vous mais un seul des deux voir aucun ne sera comblé !!! Il faudra s’en remettre à la chance ou pas)
- Les couleurs choisies. Pour les daltoniens, le jeu sera complexe. On se demande pourquoi le vert n’est pas présent lorsque l’on sait que cette couleur fait partie du milieu du spectre visible
- Les doués en maths s’en sortiront en général gagnant. En effet, calculé la probabilité d’avoir une tuile 4 chemins dans les coups à venir aide à choisir sa stratégie de pose
Iquazù
Créé par Michael Feldkötter et illustré par Stephanie Böhm. Jeu à partir de 10 ans, de 2 à 4 joueurs pour une durée de 50 minutes.
Avatar en jeu ?
Après une mise en place longue et laborieuse, le peule inax pourra enfin mettre ses pierres précieuses à l’abri sous la cascade d’Iquazù afin que les terribles Rhujas ne puissent pas leur dérober.
Chaque joueur devra utiliser ses cartes astucieusement pour placer les pierres précieuses de sa couleur sur les meilleurs emplacements (1 carte pour jouer sur la colonne 1, 2 cartes pour la colonne 2 et ainsi de suite). Mais attention, vous partez avec un certain nombre de cartes en main et ne repiocher pas à chaque tour. Il faudra donc choisir entre positionner sa pierre ou tirer des cartes. Lorsque toutes les fissures de la 1ère colonne sont comblées (on attend bien que la 1ère colonne soit complète même si la 2ème est déjà finie), on procède au classement intermédiaire. Les joueurs marquent un nombre de points en fonction du nombre de pierres qu’ils ont dans la colonne et gagnent des tuiles bonus en fonction de leurs pierres par ligne (points supplémentaires, carte joker, rejouer ou piocher un certain nombre de cartes). On décale ensuite la cascade, la 2ème colonne va devenir la 1ère et on va découvrir une nouvelle colonne avec de nouvelles tuiles bonus. Plus la cascade avance et plus la colonne rapporte de points.
L’inax qui a le mieux caché ses pierres et donc a le plus de points gagne la partie.
Toujours mieux d’avoir des bases de natation pour plonger sous la cascade, au risque sinon de se noyer
On retrouve dans cette boîte toute la réputation d’Haba avec une qualité de matériel irréprochable, une petite illustration sur chaque petite pièce même la moins importante. On ne peut que s’immerger dans ce jeu aux allures graphiques très imprégnées. On met son maillot de bain et hop on plonge sous la cascade, prêt à déjouer les Rhujas.
En plus d’être magnifique ce jeu a une juste dose de tactique. Une partie n’est ni trop courte ni trop longue ; les règles de jeu commencent à être conséquentes sans être indigestes, la stratégie est présente tout en laissant une place au hasard, un mélange bien dosé pour nos jeunes joueurs en herbe.
Compter une trentaine d’euros pour ce jeu, mais compte tenu de ce que contient la boîte vous en avez pour votre argent.
Les +
- La qualité de l’édition (entre les illustrations et le matériel, on est très bien servi)
- Le plateau en 3D, avec ce rendu en cascade qui se déplace
- L’immersion dès le début de partie
- Jeu de majorité malin
Les –
- Un poil complexe pour des nouveaux joueurs où les règles peuvent peut-être en décourager certains, mais avec un peu de persévérance attendez-vous à passer de bons moments !
- Penser à faire tourner les gouttes d’eau n’est pas toujours simple, on aura vite oublié ce point de règle important
- Le mode deux joueurs n’est pas agréable
- Temps de mise en place long
Méduris
Créé en binôme par Stefan Dorra et Ralf zur Linde et illustré par Miguel Coimbra. Jeu à partir de 10 ans, de 2 à 4 joueurs pour une durée de 75 minutes.
La colonisation et l’urbanisation de lieux rares et uniques, n’est-ce pas un sujet d’actualité ?
Répondant à l’appel des dieux, ton peuple s’apprête à s’installer au pied du mont Méduris. Pour cela il te faut produire des matières premières en déplaçant tes meeples (petit bonhomme en bois) sur un haut plateau. Mais attention, la hiérarchie au sein des ouvriers suit des règles strictes, en fonction de ton choix tu produiras de 1 à 6 matières premières (tu peux empiler jusqu’à 3 meeples sur un haut plateau, le premier produit une matière, le deuxième produit deux matières etc …). Utilise ensuite ces matériaux pour construire des huttes en choisissant les emplacements les plus stratégiques afin d’obtenir les pierres runiques. Mais attention à ne pas être trop gourmand à jouer le promoteur de biens immobiliers car lorsque le druide rend visite à l’une de tes huttes, tu dois lui faire des offrandes et plus tu le satisferas, plus ta récompense sera. Tu peux également édifier deux temples, choisis bien l’endroit où tu les ériges, plus il y a de huttes (de ta couleur ou non) accolées et plus les dieux seront satisfaits.
La partie prend fin lorsqu’un joueur à édifier ses 10 huttes et deux temples ou lorsqu’il n’y a plus d’emplacement disponible pour construire. Comme tu l’auras compris, celui qui satisfait le mieux les dieux (qui a accumulé le plus de points de victoire entre les pierres runiques, les offrandes au druide et les temple) sera déclaré chef de tribu.
Colonisateur ou promoteur ?
Au risque de me répéter mais on doit encore souligner l’édition Haba sur ce jeu. Des illustrations superbes de la boîte au plateau en passant par la règle de jeu, un matériel de qualité, une immersion encore complète. Allez, il faut bien critiquer un peu alors Haba aurait pu faire des temples en bois au lieu du carton mais c’est vraiment pour chipoter. Qui dit un matériel plus détaillé par la suite, dit aussi un prix plus élevé. Alors que là, nous avons un bon rapport qualité / prix (compté une trentaine d’euros).
En jouant à ce jeu, je pense par contre au monopoly, eh oui ! Faisons court, mais vous devez construire le plus de biens immobiliers possibles dans l’un des huttes et temples dans l’autres des maisons et des hôtels. Dans l’un c’est le druide qui vous demande de payer en offrande dans l’autre c’est le trésor public qui vous réclame vos impôts. Dans l’un vous jouez de l’argent dans l’autre des matières premières. Dans l’un si vous êtes majoritaire sur un territoire vous gagnez la fameuse pierre runique qui vous vaut des points de victoire dans l’autre si vous possédez un territoire de couleur à vous seul vous faites payer à vos locataires encore plus chers. Vous l’aurez compris, les ressemblances sont fortement présentes mais seulement si vous avez été un joueur invétéré
du Monopoly.
Méduris est cependant bien plus joli, la thématique plus originale (faire jouer nos enfants sur la spéculation et s’enrichir en dépouillant ses compatriotes en espérant les passer de directeur d’hôtel à SDF n’est pas très pédagogique) et point important ce jeu à une fin ! 1h15 temps parfait pour nos pré-ados pour construire une tactique sans se faire mal au cerveau et trouver le jeu trop long. On dit donc un grand OUI pour Méduris où l’on aimera relancer une partie le lendemain avec les mêmes adversaires pour améliorer sa stratégie et avoir sa petite revanche.
Les +
- Qualité de l’édition et le respect de la thématique
- La chance est très peu présente
- Fort potentiel addictif
- Tactique à souhait
Les –
- Pas facile d’accès pour de jeunes joueurs (10 ans) non-initiés aux jeux de plateau (quand vos enfants veulent jouer avec leurs copains adeptes de pic’pirate et cuisto dingo ça va être un peu compliqué)
- A 4 joueurs, le jeu traine en longueur
- Plus il y a de joueurs plus il est difficile de mettre en place une stratégie
- Lisibilité des quartiers et des pierres runiques sur les premières parties
Uncle R1 : Pour ma part c’est Iquazù mon préféré : une immersion très présente, un univers chatoyant et un matériel ergonomique. Les mécaniques, simple d’accès, en font un jeu tous public.
Dans tous les cas, cette nouvelle gamme de chez Haba est un vrai succès. Ils ont privilégié la qualité à la quantité avec une sortie de 3 à 4 jeux par an et aucun peut être qualifié de mauvais. Pari réussi pour ces jeux familles et ce nouveau label 'soirée jeux'.
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