Un virus qui a masqué le monde
La Covid-19 a bouleversé pas mal de nos certitudes et remis en cause de nombreuses choses. C'est un véritable raz-de-marée qui s'est abattu sur la race humaine.
Que ce soit sur le plan sanitaire, social ou économique personne ne s'attendait aux bouleversements apportés dans la couronne de ce virus venu d'Asie.
Les effets, directs ou non, de cette crise seront probablement mesurés dans les années à venir. Mais ce qui est sûr est que les périodes de confinement et les injonctions de fermer les activités non essentielles ont mis sur la paille nombre de personnes.
Pour atténuer et limiter les effets négatifs de cette épidémie, le président Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 12 Mars 2020 avait lancé le célèbre "quoi qu'il en coûte".
Voilà qui partait d'un bon sentiment d'autant que la santé n'a pas de prix. Ceci étant nombre d'entre nous, à commencer par moi (eh oui je plaide coupable 😌) se sont demandé comment allaient être remboursés tous les milliards que l'Etat empruntait à tour de bras. N'était-ce pas, en outre, obérer l'avenir des futures générations dont celle de nos enfants ?
Pour tenter de répondre à cette question, sans tomber dans les pseudos-évidences il convient de démonter quelques rouages.
L'emprunt par les particuliers (ou les entreprises)
Lorsqu'un particulier (ou une entreprise) sollicite un crédit auprès de sa banque, il est tenu de rembourser, à périodicité fixe (généralement mensuelle ou trimestrielle), une partie du capital et les intérêts.
Ce faisant, au fil des années, le capital restant dû diminue et la dette s'éteint totalement à l'échéance convenue entre les parties contractantes.
A ce niveau, 2 subtilités sont à considérer pour l'Etat :
ses emprunts sont in-fine
il est considéré comme immortel
C'est à ce niveau qu'opère la magie ! 😉
A la grande différence des particuliers l'Etat n'est pas tenu de rembourser le capital emprunté à périodicité fixe mais uniquement à l'échéance.
Sachant cela, prenez votre tableau d'amortissement et regardez combien vous devriez payer si vous n'aviez pas le capital à rembourser de façon régulière.
Le problème, pour un particulier, est que s'il pouvait opter pour un prêt in-fine, il devrait alors rembourser l'intégralité du capital à l'échéance et là, ce serait plus que chaud !
Mais qu'en est-il pour l'Etat ?
C'est maintenant qu'il est temps d'aborder la seconde subtilité Etatique, celle de l'immortalité.
Lorsqu'à l'échéance d'un prêt Bercy doit rembourser les obligations émises, c'est l'Agence France Trésor qui s'en charge en … empruntant de nouveau pour un montant similaire.
Si vous êtes curieux et que vous avez le temps d'éplucher la loi de finances pour 2021, vous constaterez qu'il n'existe pas de ligne "Remboursement de la dette". Seul le remboursement des intérêts figure dans le budget sous la rubrique "Charge de la dette et trésorerie de l'État".
Il s'avère donc bien que la dette de l'Etat ne se "rembourse" pas mais qu'elle se prolonge et augmente au gré des nouveaux emprunts. De facto, nous sommes dans un cycle de dette perpétuelle (même si, officiellement, nos gouvernants n'utilisent pas cette terminologie).
Effet d'aubaine
Cette crise sanitaire liée à la Covid19 aurait pu être, d'un point de vue économique, bien plus terrible.
L'Etat emprunte de l'argent sur les marchés financiers par le biais, notamment, des OAT (Obligations Assimilables du Trésor).
Fort heureusement pour lui et, par voie de conséquence, pour nous, les taux d'intérêts actuels sont proche de zéro voire négatifs comme le prouve l'extrait ci-dessous :
image.png
Source : Banque de France
Petit rappel : Taux négatifs = ce sont les investisseurs qui paient l'Etat pour lui prêter de l'argent. Elle est pas belle la vie ? 😉
De cet état de fait il en découle donc, malgré les nombreux milliards empruntés pour aider les particuliers et les entreprises à surmonter la crise du Covid-19, que la charge de la dette (les intérêts que doit notre Nation) baisse.
Je trouve cela assez magique …
Pour autant est-ce sans danger ?
Les conséquences possibles
Notre dette de l'Etat est assimilable à une boule de neige que l'on fait rouler devant nous. Elle grossit, grossit, … jusqu'au jour ou !
Quelques axes de réflexion :
👍 Nous réussissons l'exploit de générer de l'excédent budgétaire sur longue durée. Il est alors possible de rembourser une partie de nos emprunts nationaux et, ainsi, de mieux maîtriser notre endettement étatique. Mais ne rêvons pas : cela ne s'est jamais produit sur les 46 dernières années !
Certes, l'on peut toujours se dire qu'"à l'impossible nul n'est tenu" ! 😁
👎 Les taux remontent fortement dans les futures années, cela alourdira alors fortement les emprunts à faire dans 15 ou 20 ans en substitution des actuels. La charge de la dette posera, dans cette hypothèse, de sérieux problèmes aux prochaines générations.
👎 D'ici l'échéance des emprunts souscrits pour la Covid, la situation économique se dégrade fortement et la confiance des investisseurs n'existe plus envers notre nation. Le robinet des investisseurs-prêteurs se refermant, il nous sera donc impossible, cette fois, d'entretenir la dette perpétuelle puisque nous serons incapables de rembourser nos actuelles échéances.
C'est notamment cette situation qu'a connu la Grèce lors de la crise économique mondiale de 2008, … donc cela n'arrive pas qu'aux autres !
…
Donc, pour le moment, l'on ne met pas trop en péril les générations futures … en espérant toutefois être sages dans nos emprunts à venir.
Il conviendra de savoir rentabiliser cet endettement au maximum en créant des richesses. Celles-ci pourront, un jour, nous servir à rembourser le capital au cas ou le marché se retournerait et que plus personne ne souhaite prêter à notre pays.
C'est probablement pour cette raison, et celle d'une éventuelle forte remontée des taux, que nous devons nous montrer raisonnables et rigoureux dans notre gestion de la dette d'Etat !