Un poème écrit sous l'emprise de la colère...
Un auteur avait alors saboté la parution et la diffusion d'un recueil à des fins politiques.
Ce projet était le fruit du travail de quinze talents et mettait en lumière les conditions de vie des artistes.
Il m'a fallu saisir la plume pour exprimer ce que je ressentais.
C'est ainsi que ce texte est né.
Il dépeint, de manière métaphorique, les attitudes que je ne peux plus supporter chez l'Homme.
Bonne lecture.
Je garde quant à moi le poing levé...
Epitaphe
À tous ces Saint-Boniface
Dont le sourire cache la bave
À tous ces visages-grimaces
Si fiers d’être esclaves
À tous ces esprits moyenâgeux
Ces compagnons des p’tits clochers
À tous ceux qui flattent les gueux
Pour mieux pouvoir les amocher
À tous ces béni-oui-oui enorgueillis
Qui fuient au son de la Révolution
À tous ces retourne-veste travestis
Qui vivent du trafic des faux jetons
À tous ces serments d’hypocrites
Conclus dans de grisants conciliabules
Aux secrets de crabe et d’ammonites
Qui éclateront comme des fistules
À tous ces penseurs de plaies ouvertes
Ces chapons à Papon ou d’opérette
À tous ces découpeurs de mains vertes
Consciences piteuses vendues à perte
À tous ces agioteurs de l’ego
Ces carotteurs qui lèsent gros
À tous ceux qui lèchent les poteaux
Aux pisse-bas qui lèsent les prolos
À tous ces prédicateurs de la libre horreur
Dont le mépris flotte en apesanteur
Aux brise-foi et aux crèves-coeur
À l’emprise qui se nourrit de la peur
À tous ces bobos qui brouillent les pistes
Comme autrefois à Babel
Aux dogmes qui résistent
Et refusent les découvertes les plus belles
À tous ces captifs du couchant
Ces apôtres de l’oxydant
Aux avaleurs de boniments
Aux désoeuvrés du désenchantement
À toutes les rouilles
Et à tous les ennuis
Aux mauvais alcools
Et aux alcôves pourries
À tout ce qui boit
La sueur de nos nuits
Et qui croasse et qui croît
Depuis le fin fonds des puits
À tous les coups
Au mauvais goût
Et aux espoirs trahis
Aux au revoir
Aux jamais
Aux mercis
À toutes les forces réactionnaires
À toutes les farces cache-misère,
Vous n'aurez pas nos tripes !