Connaissance n’égale pas intelligence

in french •  8 years ago 

Depuis l’élection de Donald Trump, les « experts » tentent désespérément d’expliquer cet évènement inconcevable. L’une des explications les plus populaires en anglais (plus de 44 000 résultats sur Google au 17 novembre) est que les gens « non éduqués » (et surtout blancs) ont fortement avantagé l’homme d’affaires. 

Qu’entend-on par « non éduqué »? Selon le décorticage du vote de la firme Pew Reasearch, cette expression parle des gens n’ayant pas plus qu’un diplôme d’études secondaires. Les gens blancs sans études post-secondaires forment le groupe qui a le plus voté pour Trump, à 67 % contre 29 % pour Clinton. 

En d’autres termes, les gens sans éducation post-secondaire sont considérés stupides, tel que le sous-entend cette chronique de Newsweek qui affirme que Trump a mieux performé « dans les États au bas de l’échelle des classements scolaires comme l’Alabama » - État qui, curieusement, fut démocrate pour la majorité de son existence. 

Je me demande pourquoi on ne pose jamais la question inverse : pourquoi les gens avec une éducation post-secondaire votent-ils si massivement démocrate? Pourquoi leur préférence électorale serait plus « éclairée »? Parce qu’en jetant un coup d’œil à l’état présent de l’éducation post-secondaire aux ÉU, l’on peut se demander si avec un baccalauréat est synonyme d’intelligence. Ce gazouillis résume bien la situation, mais explorons-la de plus près. 

Des décisions cruciales prises trop jeunes 

Aux ÉU, les finissants du secondaire ont généralement 18 ans et on les encourage fortement à poursuivre leurs études « parce que les perspectives salariales sont meilleures. » C’est vrai en moyenne, mais il faut regarder les chiffres de plus près. 

L’architecture, le génie et les professions reliées aux mathématiques et à l’informatique offrent aux finissants un salaire supérieur à 75 000 $. Par contre, Monster.com montre qu’un finissant en anglais peut espérer de gagner au plus 67 000 $ comme directeur des ventes. Sinon, ses perspectives salariales se situent plus dans les 50 000 $. 

À un si jeune âge, l’on est difficilement bien placé pour avoir une idée claire de notre futur. Même si on tient compte du cégep au Québec, cette propulsion dans le monde adulte est trop prématurée. Je peux en attester personnellement : lors de mon premier bac (2004-2007), j’étais plutôt nonchalant et j’ai terminé avec une moyenne de 2,98 sur 4,33. Lorsque je suis retourné cinq ans plus tard pour obtenir les crédits nécessaires pour un bac en économie-politique, ma concentration était nettement meilleure. Ma moyenne de bac est monté à 3,7, à quelques centièmes d’un A. 

Durant le premier bac toutefois, j’ai vite remarqué que certaines concentrations étaient très promptes à manifester : théâtre, littérature, langues (français, anglais), sciences politiques, bref les bacs où les débouchés se limitent généralement à la fonction publique, la recherche ou le professorat. Il ne fait pas de doute que les connaissances acquises sont enrichissantes, mais ont-elles une utilité pratique? 

Une éducation stérilisée 

En plus de devoir prendre des décisions cruciales à un si jeune âge, trop d’étudiants progressent dans un environnement plus stérile qu’une salle blanche de laboratoire. 

Bien avant l’élection de Trump, plusieurs universités ont mené une guerre idéologique contre les conférenciers ne propageant pas l’évangile étatiste de gauche. Le conservateur Ben Shapiro, par exemple, s’est vu refuser l’accès à l’université DePaul car (semble-t-il) la direction a donné raison aux protestataires qui affirmaient que Shapiro dérangeait leur « espace sécuritaire » (safe space). 

Parlant de ces garderies pour adultes, elles sont le paroxysme de l’anti-intellectualisme. Un espace sécuritaire est censé servir à protéger des gens se sentant menacés physiquement, tel un bar gay pour les LGBT+ ou une caserne de pompiers. Dans une université, les gens peuvent se réfugier afin de se faire rassurer quand une personne les « traumatise » (trigger) avec leurs idées différentes. 

Non seulement se moque-t-on des vrais traumatismes (style stress post-traumatique), mais on fait également fit de la pensée critique tant honnie des étatistes de gauche. Comment de jeunes adultes peuvent-il voir le monde tel qu’il ait si on les empêche de connaitre plus de la moitié des perspectives? 

Une fausse certitude 

Ainsi, les « intellectuels » et trop d’étudiants donnent raison à Friedrich Hayek : les intentions avant les faits ou les conséquences. Autrement dit, du moment qu’une idée « semble bonne », on se doit de l’appliquer à tout prix. 

Le débat sur le salaire minimum en est un parfait exemple. Les démocrates se battent bec et ongle pour l’augmenter à 15 $/h car ce montant permet de « bien vivre » (living wage). Ils ignorent ainsi que le salaire minimum fut créé pour engendrer exactement le contraire : foutre des gens à la porte. Ce fut l’intention explicite lors de l’adoption du salaire minimum fédéral (Davis-Bacon Act) en 1931. 

Bien ce que ne soit plus l’intention, la conséquence existe encore en 2016. Lorsque les Iles Samoa ont augmenté leur salaire minimum, le chômage fut multiplié par sept et les plus gros employeurs, deux usines de thon, ont soit fermé, soit réduit l’embauche. La situation est similaire sur le continent. Une étude montre que les travailleurs non qualifiés de la région de Seattle ont grandement souffert de l’augmentation du salaire minimum. À Los Angeles, American Apparel a dû procéder à des mises à pieds suite à l’augmentation du salaire minimum à 15 $. La compagnie songe maintenant à quitter la Californie car l’État veut emboiter le pas sur le salaire minimum à 15 $. 

Donc, pourquoi l’opinion de gens éduqués au-delà du secondaire devrait être mieux estimée que celle des gens « non éduqués »? Considérant qu’elle est généralement isolée des faits – elle se réfugie même dans des espaces « sécuritaires » - l’on pourrait même penser que leur opinion ne devrait pas importer. Leurs folies de planification centrale ont décimé plusieurs centres urbains fortement démocrates tels Detroit, New York et Baltimore. Pourtant, ces villes sont encore fortement démocrates. 

Parallèlement, on pourrait aussi se demander pourquoi les gens votent. Choisir un nouveau maitre à intervalle régulier n’est pas un acte d’émancipation, pour paraphraser Lysander Spooner. Mais ça, c’est un tout autre débat…  

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