Qui blâmer pour les contrecoups du salaire minimum?steemCreated with Sketch.

in french •  7 years ago 

  Au Canada comme aux États-Unis, les politiciens ont écouté « le peuple » et ont voté des lois avec de « bonnes » intentions, tel augmenter le salaire minimum à 15$/h. Maintenant que les conséquences inévitables d’une telle loi se font sentir, les gens manifestent naturellement contre… les compagnies privées. 

En Ontario, un Tim Horton a défrayé la manchette en écrivant à ses employés pour leur dire que certains bénéfices (pauses payés, assurance dentaire) seraient diminués ou annulés. La chaine Great Canadian Bagel, quant à elle, a annoncé une hausse des prix pour compenser la hausse des salaires. Mécontente, une association d’Ottawa a créé une ligne « anti-intimidation » pour que les employés dénoncent anonymement les employeurs qui « violent l’esprit de la loi. » Plusieurs réguliers de Tim Horton lancent même un appel au boycott.  

De l’autre côté de la frontière, un franchisé Subway de Seattle a récemment affiché ceci pour dire que les hausses constantes de cout (y compris le salaire minimum) l’oblige à refuser les coupons.  

On ne triche pas le marché éternellement 

Mais qui donc blâmer pour ces changements? L’#ultracapitalismeneoliberalsauvagemangeurdechiots? Les patrons avares qui ne veulent qu’exploiter les pauvres travailleurs sans défense? Non : la réduction des heures de travail, des bénéfices et des rabais sont le résultat des forces du marché, c.-à-d. des décisions quotidiennes que vous et moi prenons. 

Considérant que la marge de profit moyenne d’un McDonald est de 2,4 %, la moindre hausse soudaine de prix aura de fortes conséquences. L’industrie est très concurrentielle et difficile; on estime que 30 % des franchisés Quiznos faillent à remboursent leurs prêts aux ÉU.

 En Ontario, le salaire minimum a augmenté de 11,60 $ à 14 $ cette année, et à 15 $ l’an prochain – ce qui représente respectivement une hausse de 20,7 et de 29,3 %. Afin de demeurer concurrentiel, et considérant les couts élevés d’une franchise Tim Horton, les annonces de diminutions des bénéfices n’étaient donc pas une surprise. 

En fait, c’est un miracle qu’on n’ait pas annoncé des licenciements massifs. De plus en plus aux ÉU, les kiosques libre-service font leur apparition pour amoindrir la hausse massive du salaire minimum – présentement à 7,25 $ au niveau fédéral, mais plusieurs juridictions l’ont augmenté à 15 $, soit plus de 100 % d’augmentation.

 Salaire minimum = #eugenismesalarial 

La loi de l’offre et de la demande explique clairement les conséquences du salaire minimum. 

Normalement, les salaires sont déterminé par l’intersection de l’offre (ligne bleue, les employés offrant leurs services) et de la demande (la ligne orange, les employeurs demandant des travailleurs), soit la lettre E. Le commerce de détail étant peu exigeant, ce point est nettement plus bas que, disons, la médecine ou le génie pétrolier, domaines exigeant de longues études et créant un grand stress pour les travailleurs. 

Mais quand le gouvernement intervient pour imposer un salaire minimum (la ligne foncée), les salaires augmentent… au détriment des travailleurs. En effet, à ce nouveau niveau (E’), plus de gens veulent travailleurs mais moins d’employeurs veulent embaucher. Le triangle ainsi formé crée un surplus de travailleurs (c.-à-d. des chômeurs) ne pouvant travailler. Ce meme Internet de Unlucky Brian montre ce qu’est réellement le salaire minimum : l’eugénisme salarial. 

Et n’allez pas croire que c’est un vice; enlever des opportunités d’emploi fut toujours le but explicite du salaire minimum. Ce schème machiavélien trouve son origine durant l’ère « progressiste » (fin 19e siècle jusqu’après la Première Guerre mondiale), où l’on croyait que les gouvernements pouvaient améliorer l’humanité en se débarrassant des « indésirables » - bref, l’eugénisme

Aux ÉU, cet eugénisme était dirigé vers les Noirs ou les immigrants, dont la productivité (généralement) plus basse leur donnait un salaire inférieur. Pour combattre ce « problème », l’administration Hoover a voté la loi Davis-Bacon en 1931 afin d’imposer le salaire « dominant » (généralement syndiqué) pour tout contrat fédéral, ce qui favorisait indûment les Blancs. D’ailleurs, le représentant Clayton Algood n’a pas caché son racisme en adoptant la loi : « Ce contracteur utilise des travailleurs de couleur bon marché qui sont en concurrence avec les travailleurs blancs partout au pays. » 

Mais bien que les intentions racistes du salaire minimum aient disparues au 21e siècle, ses conséquences sont encore bien réelles. Les travailleurs peu qualifiés se retrouvent ainsi avec peu d’option, et gonflent les rangs de la population inactive. Aux ÉU, les 16-19 ans ont des taux de participation encore à des planchers historiques, et la hausse du salaire minimum n’y est pas étrangère. Au Canada, le taux de participation des 15-19 ans est très stable depuis 1976 (quoiqu’en diminution depuis 1990), ce qui peut en partie s’expliquer par l’absence d’un salaire minimum national. 

Bref, si vous voulez vraiment montrer votre soutien aux « minis », dirigez votre colère vers les gouvernements qui imposent un eugénisme salarial. Les compagnies privées n’ont pas accès à une manne d’argent – les salaires des hauts dirigeants sont sans importance – et n’en déplaise aux « experts » défendant le salaire minimum, son effet net sera toujours négatif.   

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