TED Talk propage des sophismes économiques

in french •  8 years ago 

En explorant le mur Facebook d’un ami, j’ai vu un lien vers une conférence de TED Talk avec un titre provocateur : les riches ne créent pas d’emplois. Après un martyr intellectuel de six minutes – Nick Hanauer fait paraitre James Taggart comme Hank Reardon – je félicite TED de ne pas avoir diffusé un tel ramassis d’inepties sur l’économie. 

Sa thèse centrale : ce sont les consommateurs et non « les riches » qui créent des emplois. C’est à se demander comme il a pu être en affaires en pensant que la dépense fait augmenter l’économie. 

Si tel était le cas, alors nous devrions effectivement nous préparer pour une invasion d’extraterrestres, tel que le veut Paul Krugman. Ou encore briser toute fenêtre que l’on voit puisque « nous verrons » les marchands de fenêtre travailler. 

Or, il n’en est rien. Ce qui fait grandir une économie, c’est l’épargne. Elle permet d’acheter et d’entretenir les machines ainsi qu’embaucher des travailleurs. Bien que les premières machines à vapeur n’étaient « pas chères », elles ont quand même requis un investissement. 

Il faut également appliquer les deux mots honnis des étatistes de gauche : laisser-faire. Sans eux, les humains sont coincés au Moyen-Âge, époque où le sacrifice et la pauvreté sont vertus et la richesse, péché. Cette mentalité a beaucoup pesé sur l’Inde et la Chine, les enfermant dans une pauvreté abjecte pendant trop longtemps. 

La transformation dramatique du second, sous l’introduction de la propriété privée par Deng Xiaoping, permet de se rendre compte de l’étendue de la misère. Bien que l’inégalité des revenus ait augmenté, la pauvreté absolue s’est effondrée. Alors malgré la forte répression sociale, le Chinois moyen a au moins espoir d’améliorer son sort économique. 

L’importance des incitatifs 

Mais notre James Taggart en devenir n’en démord pas. Dans un de ses graphiques, il fait un lien douteux entre impôts élevés et bas chômage, ce qui défie toute logique. Hanauer suppose que, si les réductions d’impôts aidaient tant les riches à créer de la richesse, nous nous « noierions » dans les emplois. 

Oui, les taux marginaux dans les années 50 et 60 étaient nettement plus élevés et l’économie grandissait à chaque année. Mais on néglige ici un détail crucial : l’économie des États-Unis était la seule de la planète encore sur pieds. Elle pouvait donc fournir biens et services au « monde libre. » 

La réglementation est une autre omission cruciale quand on parle de l’économie. Contrairement à la croyance populaire, il n’y a pas eu de déréglementation significative de mon vivant (33 ans), que ce soit dans le Federal Register ou le Federal Code of Regulation. Ces deux mastodontes pèsent énormément sur l’économie, laissant ainsi sur le marché les grandes entreprises, les seules capables de se payer toute cette paperasse.  

On n’a qu’à regarder le secteur bancaire pour s’en apercevoir. En 2010, le congrès des ÉU a adopté le Dodd-Frank Act pour, affirmait-on, augmenter la transparence du secteur et éviter une autre crise. On a également prévenu l’ouverture de nouvelles banques puisqu’une seule nouvelle a ouvert ses portes. De plus, 28 % des petites banques ont fermé leurs portes, incapables de payer les nouveaux frais, alors que les grosses banques ont augmenté leur pourcentage de détention des dépôts. Bref, la loi a rendu le principe « trop gros pour faire faillite » une réalité encore plus poignante. 

Finalement, Hanauer a bien fait de dénoncer l’inflation galopante qui détruit le pouvoir d’achat de la classe moyenne (et de tous, en fait). Mais comme pour ses « arguments » précédents, il manque l’éléphant dans la pièce : les incitatifs gouvernementaux. 

Il est amusant que sont graphique utilise des secteurs hyper-réglementés, dont les prix ont augmenté de façon exponentielle comme la santé et l’éducation, et non ceux dont les prix ont diminué exponentiellement tels l’informatique et le vêtement. Dans les deux derniers cas, une absence (relative) d’incitatifs à la consommation a diminué les prix et augmenté la qualité. Quant aux premiers, le gouvernement incite fortement à la consommation, que ce soit sous forme de prêts (Pellet Grants) ou de crédits d’impôts (pour les assurances-santé), ce qui augmente artificiellement les prix. 

Bref, Nick Hanauer n’a fait que nous servir un plat réchauffé de sophismes économiques débusqués depuis longtemps. L’épargne et la liberté, et non la dépenses et la réglementation, sont ce qui fait grandir l’économie et crée des emplois. Sinon, le Québec serait la première puissance mondiale avec son taux marginal d’impôt de 25,75 %, sa taxe de vente de 10 % (et de nombreuses autres) et ses nombreux règlements, et non dans les bas-fonds d’à peu près tous les classements économiques du monde industrialisé. 

De plus, les taux d’intérêts nuls du moment aurait dû créer une économie florissante si la dépense était la potion magique décrite par Hanauer. Malheureusement, on se retrouve plutôt avec une bulle boursière et une croissance moribonde.  

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