La chute du royaume du Dahomey
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Début de règne
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En 1875, le prince Ahokponou est désigné par son père, le roi Da-Da Glélé Kini-Kini, comme héritier du royaume sous le nom de Kondo.
En 1889, le roi Glé-Glé mène des razzias contre les concessions françaises ; il attaque le Porto-Novo, qui a passé une alliance avec les Français depuis. Le gouverneur Jean-Marie Bayol est retenu à Abomey, le 21 novembre 1889 ; le prince Kondo décide pour son père le roi, devenu incapable. Il conteste le traité conclu le 19 avril 1878, notamment l'attribution des droits de douane de Cotonou à la France.
Le prince Kondo est couronné roi Béhanzin le 6 janvier 1890, après la mort de son père le 28 décembre 1889, au terme de près de quarante années de règne, son demi-frère Ahanhanzo, héritier direct du trône, étant mort mystérieusement. Son couronnement est notamment marqué par des sacrifices humains. Le prince Kondo gouverne en se choisissant le nom de Béhanzin (cf emblèmes, infra). C'est un roi de quarante-cinq ans, qui baigne dans les conflits depuis son enfance. Les troupiers français le surnomment « Bec en zinc ».
Le 19 février 1890, les troupes françaises débarquent à Cotonou. Elles sont insuffisantes pour contenir l'armée royale ; la France tergiverse. Terrillon, chef militaire, et Bayol, gouverneur, entretiennent une forte mésentente. Les forces françaises sont en échec.
Victoires françaises
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Jean-Marie Bayol est remplacé par Noël Ballay. Le colonel Alfred Dodds va remplacer Sébastien Terrillon.
Le roi Béhanzin combat les Français, eux-mêmes un temps en rivalité sur place avec les Allemands et les Portugais. Les attaques sont incessantes. Du 23 février au 5 mai 1890, Béhanzin prend des Français en otages, dont le père Alexandre Dorgère, négociateur entre lui et le pouvoir français ; il les détient à Abomey[1]. En mars 1890, Béhanzin échoue à reprendre Cotonou.
Le 18 avril 1890, Terrillon conduit une bataille victorieuse, à Atioupa (ou Atchoupa). La saison des pluies, ainsi que les maladies, figent les opérations militaires jusqu'à l'automne.
Passant par Lagos, les renforts militaires du colonel Dodds arrivent à Porto-Novo le 5 août 1890.
Le 3 octobre 1890, la France installe un protectorat sur le Dahomey. En contrepartie, elle verse une rente annuelle de 20 000 francs au roi Béhanzin[2].
L'attribution des droits de douane revenant au roi par les Français entretient les tensions[3],[4]. Cette perte de revenus motive les hostilités. Béhanzin prépare la guerre en se procurant une forte livraison de fusils modernes et de balles, et même de canons, auprès des Allemands, en échange d'esclaves[5] également désignés comme « travailleurs »[6]. Le roi est particulièrement actif pour équiper sa troupe d'armes récentes et puissantes[7]. Il s'adjoint même les services de conseillers militaires, Belges et Allemands.
Les escarmouches sont incessantes. Le 27 mars 1892, les troupes fons, incluant les redoutables amazones du Dahomey attaquent un navire de guerre français. La guerre contre les troupes françaises commandées par le colonel, bientôt général Alfred Dodds débute en 1892[8].
Le 19 septembre 1892, les Français sont vainqueurs à la bataille de Dogba.
Le 4 novembre 1892, Alfred Dodds a vaincu l'armée du roi Béhanzin ; le palais royal d'Abomey est pris, incendié par Béhanzin, lequel a pris la fuite, sans remettre les armes aux Français. Les Français découvrent les crânes humains décorant le palais[9]. Le capitaine de Curzon relate que même la cour du palais est pavée de ces crânes. Béhanzin est grand amateur de vins français[réf. nécessaire] : sa cave fait le bonheur des troupes qui occupent son palais[10].
Le 6 novembre 1892, après la chute de la ville royale sainte de Cana, Dodds reçoit ses étoiles de général. Dans un communiqué de décembre 1892, Dodds salue « le courage et l'énergie » de Béhanzin.
En fuite
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Réfugié à Atchérigbé, le roi déchu Béhanzin organise un astucieux système d'espionnage et de détection des mouvements français, qui lui permet d'échapper sans cesse aux expéditions lancées à sa recherche[6].
La résistance de Béhanzin serait appuyée de pouvoirs magiques : il aurait emporté l'amulette du Dahomey, un bétyle aux grands pouvoirs[11]. À partir du 30 août 1893, A. Dodds revient et engage une poursuite dans la brousse. Le frère de Béhanzin, le prince Goutchili est nommé roi, à la demande des Français, sous le nom d'Agoli-Agbo. Il dévoile aux Français la cachette de Béhanzin[12]. Les dissensions entre les deux branches de la famille royale servent aux Français. Béhanzin négocie sans cesse avec les Français, envoyant même une ambassade à Paris, qui ne sera jamais reçue à l'Élysée.
Mais une partie de la population ne soutient pas le roi, notamment les esclaves en majorité nago des fermes royales ; la variole et les désertions amenuisent les forces royales[13]. La diplomatie française isole le roi de tous ses soutiens, notamment en Europe. Traqué, le roi se réfugie à Akajakpa.
par train, la famille s'installe à l'hôtel pour se rendre, dès le lendemain, à l'Exposition coloniale de Marseille. Le jour suivant, ils embarquent tous pour le Maghreb sur l'Eugène-Péreire. Ce nouveau voyage devient très éprouvant pour Béhanzin, dont la santé s'est dégradée en Martinique.
Le navire se dirige vers Alger et non vers Abomey, où Béhanzin est toujours jugé indésirable par le ministre des colonies Albert Sarraut. Il est installé à Blida, qui sera sa dernière résidence. Béhanzin meurt le 10 décembre 1906, loin de sa patrie, inhumé au cimetière Saint-Eugène d'Alger.
Cendres rapatriées au Dahomey
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En 1928, seulement le gouvernement français accorde à sa famille que ses cendres retournent à Abomey, sous l'insistance notamment de son fils Ouanilo, devenu bachelier à Alger, puis diplômé en droit et avocat à Bordeaux et à Paris. Ami d'Albert Londres[22], Ouanilo assiste à la cérémonie de retour au Dahomey[23]. Il meurt peu après ; il aurait été empoisonné[24].
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