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in inteligenceartificial •  8 years ago  (edited)

L’intelligence artificielle pour une autre médecine


Au 12ème symposium de la Haute école de gestion de Genève qui traitait la thématique “Mon collègue est un robot”, le professeur Antoine Geissbuhler qui « travaille depuis vingt ans à l’évolution de la technologie médicale, chef du service de cybersanté et télémédecine des Hôpitaux universitaire de Genève (HUG) »1 a donné une conférence sur le thème “L’intelligence artificielle pour une autre médecine”.

Les robots pourraient révolutionner la médecine, compenser le manque de médecins, réduire le coût de la santé.« Dit comme ça, cela semble un peu effrayant. On imagine tout de suite, au lieu du bon médecin de famille attentif, compréhensif et chaleureux, un horrible robot désincarné qui, par définition, ne pourra jamais se mettre à notre place. Sauf que les robots médecins sont déjà une réalité. Bien sûr, il faut préciser ce que l’on entend par “robot”»[2] et aussi par “médecin”.

Selon la définition du dictionnaire Larousse :« un robot est un appareil automatique capable de manipuler des objets ou d’exécuter des opérations selon un programme fixe, modifiable ou adaptable »[3].

On peut également y lire : « un médecin est une personne qui, titulaire du diplôme de docteur en médecine, exerce la médecine. La médecine étant l’ensemble des connaissances scientifiques et des moyens de tous ordres mis en œuvre pour la prévention, la guérison ou le soulagement des maladies, blessures ou infirmités.La médecine se préoccupe aussi bien des causes des maladies, de leurs modes de contamination et d’apparition que de leur fréquence, de leur diagnostic, de leur évolution, de leur prévention et de leur traitement »[4].

Ces définitions nous éclairent sur le rôle bien défini de chacun. Le robot n’est qu’une machine, un appareil automatique qui a été programmé pour certaines tâches bien spécifiques. Le robot ne pouvant rien faire en dehors de ce pour quoi il a été conçu, n’est pas autonome, il ne peut pas prendre de décision qui sortirait de son domaine d’expertise.
« Un robot médical est un système robotique utilisé dans le cadre d’une application thérapeutique, par exemple lors d’une chirurgie ou au cours d’un programme de réhabilitation neuromotrice. Du fait des contraintes importantes en matière de sécurité, ce type de robot est en général doté d’un faible niveau d’autonomie »[5]

Le médecin, quant à lui, est une personne, or « une personne est un être social pourvu de sensibilité, avec une intelligence et une volonté proprement humaines »[6].Il est bien connu que, dans une consultation médicale, le fait que le médecin écoute son patient avec empathie, contribue à ce que le patient se sente déjà mieux. Le médecin, mais aussi tout le personnel soignant, restent des personnes humaines avec des qualités propres à l’être humain[7] tels que : la compassion, l’écoute bienveillante, la prévenance, la sincérité, inspirant la confiance ; elles peuvent être rassurantes, protectrices, optimistes, encourageantes ou philosophes. Antoine Geissbuhler opère un revirement spectaculaire en prônant« le retour à l’humain, ses capacités sensibles, son don d’empathie, ses sourires et ses larmes, son intuition et ses doutes. »[1]

La médecine est aussi un ensemble de connaissances scientifiques, c’est là que le robot peut se montrer plus performant que l’humain. Une machine est capable de prendre en compte une quantité gigantesque d’informations, elle peut donc prendre en considération bien plus de facteurs que nous ne le pouvons et donc en tirer de meilleures conclusions. Par exemple en oncologie, les ordinateurs sont utilisés pour la lectures des IRM afin de détecter un cancer : « l’intelligence artificielle Watson d’IBM permet l’interprétation d’images médicales et aide au diagnostic des cancers »[1].

Mon médecin peut-il être un robot ? Cette question semble concerner un futur proche ou lointain, mais sommes-nous conscients que la robotisation, dans le domaine médical, fait partie de notre présent ! Pour remédier à une insuffisance rénale, par exemple, le patient est mis sous dialyse, le « générateur d’hémodialyse »[8] va filtrer son sang en 4h. Dans le service des soins intensifs il y a des patients sous assistance respiratoire, d’autres en réanimation cardiaque. Tous ces appareils sont extrêmement performants, ils travaillent 24/24 et ne pourraient pas être remplacés par des humains. Dans les salles d’opération les robots sont devenus des partenaires indispensables : « aujourd’hui, les avantages de la robotisation ne sont plus à démontrer : amélioration de la souplesse des installations, de la qualité des produits, de la productivité. C’est dans cet esprit que les robots sont introduits en bloc opératoire »[9].

Le médecin lui-même, avant de poser un diagnostic, a recours à diverses analyses : tension, analyse de sang, IRM, … qui sont réalisées par des machines. Il y a donc une partie robotique dans son diagnostic. Dès à présent ce sont donc déjà un ou plusieurs robots qui assurent un rôle important dans la prise en charge médicale du patient.

La médecine s’occupe des modes de contamination et d’apparition des maladies ainsi que de leur fréquence. Dans ce domaine aussi, la numérisation des données est très utile en tant que mémoire collective (domaine de la santé publique), familiale ou individuelle.

A l’avenir, il pourrait y avoir de moins en moins besoin d’hospitaliser les patients, ce qui est une bonne solution vu le manque de lits dans tous les hôpitaux.Cela permettrait de lutter contre les maladies nosocomiales qui sont de plus en plus fréquentes en milieu hospitalier, « l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que c’est l’une des plus graves menaces qui va peser sur la santé humaine dans les années à venir. »[10]

L’IMAD qui s’occupe de l’aide et des soins à domicile dans le canton de Genève propose des solutions de locations de divers appareils médicaux afin de soigner les patients à domicile.
Des jeux permettent aux enfants hospitalisés de développer, de manière ludique, la compréhension de leur maladie et de leur traitement. « Des ”serious games” à l’hôpital.La réalité virtuelle et les jeux vidéo sont de plus en plus utilisés pour lutter contre certains troubles neuro-psychiatriques et aider à la réadaptation des patients. »[11]

Avec la télémédecine on peut pratiquer des examens qui étaient réservés jusque-là à des grands hôpitaux, « la plupart des appareils sont téléopérés par des docteurs experts dans leur domaine. Ces robots médicaux apportent une plus grande précision au geste et rendent possible la pratique d’une intervention, même si le spécialiste de la discipline se trouve à des milliers de kilomètres. »[12]

Selon une étude de l’université d’Indiana[13], il a été démontré que l’utilisation des robots permet de réduire le coût de la santé. Cependant le prix élevé des robots chirurgicaux les rendent inaccessibles pour les petits hôpitaux. En Suisse« le système chirurgical robotisé «Da Vinci» existe depuis une quinzaine d’années. Il en existe 28,chaque unité, spécialisée dans l’ablation de la prostate en cas de cancer, coûte près de deux millions de francs, auxquels il faut ajouter 200'000 francs annuels d’entretiens. Des systèmes qui coûtent plus cher que des chirurgiens. »[14]

L’utilisation des robots est donc à encourager mais ils doivent impérativement être correctement programmés, régulièrement contrôlés et supervisés par un être humain.

La place du robot dans notre société est à définir. Le médecin est soumis au secret médical, qu’en est-il du robot ? Il faudra prévoir un code de déontologie du robot afin de protéger les données personnelles du patient.

Il faudra également actualiser la formation des médecins et penser à une nouvelle manière de travailler. Selon Antoine Geissbuhler « on est en train de créer des professions dont on a déjà besoin aujourd’hui, les étudiants sont particulièrement concernés car une des difficultés est que cela évolue très vite. Le défi n’est pas dans la croissance technologique exponentielle mais dans notre capacité en tant qu’humain de s’y adapter ».[15]

Le candidat aux élections présidentielles françaises, Benoît Hamon,propose de taxer les robots[16], ces taxes serviraient à compenser les pertes d’emplois dues au remplacement des personnes par des robots. Pour Antoine Geissbuhler « ces professions ne risquent pas de disparaître directement mais vont sûrement devoir évoluer »[15].

Un autre aspect, séduisant pour certains et inquiétant pour d’autres, est la dérive vers le transhumanisme.« Toutefois, ce désir de développer ce domaine peut engendrer de graves conséquences dont on ne pourrait se douter comme la question de la dépendance des robots ou de l’apparition de l’homme bionique »[17]. Pour Ray Kurzweil notre corps va devenir une machine et vivre éternellement. A mon avis, c’est un peu trop utopique car, par même si l’on remplace toutes les parties du corps par des pièces robotisées, celles-ci ne sont pas éternelles (obsolescence programmée ou non). Vivre éternellement restera toujours le grand rêve de l’être humain.

Mon médecin est un robot est déjà d’actualité puisque les robots sont d’excellents serviteurs de la médecine, il nous faut cependant rester vigilants afin qu’ils ne deviennent pas des maîtres et perdent de vue l’humanité de l’homme.

Version original de mon article dans medium :
https://medium.com/@ParisJimmy/mon-m%C3%A9decin-peut-il-%C3%AAtre-un-robot-e8f85c61ed26

Jimmy PARIS
à la HEG de Genève
Informatique de Gestion 3ème année

Références


[1] https://www.letemps.ch/sciences/2016/12/12/antoine-geissbuhler-docteur-40-hopitaux-genevois
[2] http://www.francetvinfo.fr/replay-radio/nouveau-monde/des-robots-pour-compenser-labsence-de-medecins_1784543.html
[3] www.larousse.fr/dictionnaires/francais/robot/69647
[4] www.larousse.fr/dictionnaires/francais/médecin/50079
www.larousse.fr/dictionnaires/francais/médecine/50082
[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Robot_médical
[6] lesdefinitions.fr/personne
[7] https://fr.pinterest.com/pin/221872719122796358/
[8] https://www.planetesante.ch/Magazine/Autour-de.../La-dialyse-expliquee-en-images
[9] http://tpe-robotiquemedicale.e-monsite.com/pages/les-robots-au-bloc-operatoire.html
[10] http://www.lci.fr/france/
[11] http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/09/05/des-serious-games-a-l-hopital_4992835_1650684.html#1FqOSZhAVAi2BCiA.99
[12] http://robotique-medecine.weebly.com/lavenir-de-la-meacutedecine.html
[13] http://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-robots-remplaceront-ils-bientot-medecins-44717/
[14] http://www.tdg.ch/savoirs/sante/utilite-robots-chirurgicaux-mise-doute/story/15911787
[15] Notes personnelles prises lors de la conférence à la HEG
[16] https://www.challenges.fr/.../taxer-les-robots-la-proposition-de-benoit-hamon-est-aberra
[17] http://tpe-robotiquemedicale.e-monsite.com/pages/conclusion.html

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