Les Japonais ont un problème avec les tatouages

in les •  7 years ago 

Au Japon, les touristes étrangers constituent une clientèle grandissante pour les spas, les piscines et les centres de balnéothérapie, mais ils sont souvent à l’origine d’un grand dilemme. En effet, un grand nombre d’entre eux sont tatoués. Or, au Japon, les tatouages ​​sont associés aux yakuzas, les membres de la mafia japonaise. Pour le Japonais moyen, ils inspirent donc de la crainte.

Les yakuzas n’hésitent pas à consacrer des heures à se faire tatouer des motifs très élaborés et très colorés sur tout le corps. Ces tatouages signent l’appartenance à un gang, mais ils témoignent également du courage et de la ténacité de leur porteur, qui démontre ainsi sa capacité à endurer la douleur.

Comme ces tatouages couvrent une grande partie de leur corps, il est difficile pour les yakuzas de les dissimuler dans les spas, mais aussi les piscines, les salles de gym et les onsen (sources chaudes). Les Japonais savent ce qu’ils impliquent, ce qui motive souvent les propriétaires de ces établissements à refuser les clients tatoués, ou à leur demander de couvrir les parties ornées de leur corps.

Or, près de 29 millions de touristes se sont rendus au Japon l’année dernière, ce qui constitue un triplement du nombre de visiteurs que le pays avait enregistré en 2013. Cet engouement s’explique pour partie par la baisse de la parité du yen, et par l'assouplissement du régime japonais des visas. Et ce n’est probablement qu’un début. En effet, Tokyo hébergera les Jeux Olympiques d'été en 2020. On s’attend à ce que d’ici là, 40 millions de visiteurs étrangers se rendent au Japon chaque année.

Un cruel dilemme
Cela crée un dilemme pour les saunas et les établissements de bains publics, explique Yuya Ota, porte-parole de l'Agence japonaise du tourisme. Plus d'un tiers des touristes étrangers veulent découvrir les onsen, une institution au Japon, et un grand nombre d’entre eux sont tatoués. Les exploitants de ces établissements ne savent pas toujours comment gérer ce problème, affirme Ota.

Certains Onsen proposent des patches pour dissimuler le motif, mais lorsque celui-ci est trop grand, le touriste est souvent refusé. En 2013, une femme maorie qui s’était rendue au Japon dans le cadre d’une conférence sur les langues autochtones s’est vue refuser l’entrée de l’un de ces établissements à Hokkaïdo, parce que son visage portait un tatouage traditionnel.

Depuis, l’agence japonaise du tourisme a demandé aux spas, onsen et piscines de se montrer plus tolérants à l’égard des visiteurs étrangers.

Choisir entre des étrangers mécontents et des gangsters furieux
Un sondage effectué il y a trois ans a révélé que la moitié des onsen refusaient encore les clients étrangers tatoués.

Pourtant, l’activité de ces établissements périclitaient, et les touristes leur ont donné un nouvel essor. Mais la fréquentation de ces établissements est encore à majorité japonaise, et il est parfois impossible de contourner le tabou qui entoure les tatouages.

En outre, les autorités redoutent qu’un assouplissement exagéré des règles pour les étrangers profite aux Yakuza qui pourraient invoquer qu'ils sont victimes de discrimination. “Et choisir entre des étrangers mécontents et des gangsters furieux n’est pas difficile”, conclut The Economist.
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