L'ancien président français, Nicolas Sarkozy, comparaît à partir de lundi, à Paris, aux côtés de son avocat Thierry Herzog et de l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert. Dans cette affaire dite "des écoutes", l'ancien chef d'État est accusé d'avoir tenté d'obtenir auprès d'un magistrat des informations secrètes sur une autre affaire le concernant.
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C'est un procès sans précédent dans l'histoire de la Ve République française : un ancien chef d'État comparaît pour corruption. Le procès de Nicolas Sarkozy, de son avocat Thierry Herzog et de l'ex-haut magistrat Gilbert Azibert s'ouvre lundi 23 novembre au tribunal correctionnel de Paris et devrait durer jusqu'au 10 décembre.
Avant Nicolas Sarkozy, un seul ancien président, Jacques Chirac, a été jugé et condamné en 2011 pour les emplois fictifs de la Ville de Paris mais il n'a jamais comparu devant ses juges en raison de son état de santé. Dénonçant un "scandale qui restera dans les annales", Nicolas Sarkozy, 65 ans, promet d'être "combatif" et clame ne pas être "un pourri".
Le procès, qui doit s'ouvrir à 13 h 30, reste toutefois soumis aux aléas de l'épidémie de Covid-19 et pourrait être renvoyé à la demande de Gilbert Azibert, 73 ans, pour raisons médicales.
Une affaire dans l'affaire
L'affaire des "écoutes", également appelée affaire "Paul Bismuth", trouve son origine dans un autre dossier judiciaire, qui menace Nicolas Sarkozy : les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, qui lui valent une quadruple mise en examen.
Dans ce dossier, les juges avaient décidé en septembre 2013 de placer l'ancien président sur écoute et découvert, début 2014, qu'il utilisait une ligne secrète, sous l'alias "Paul Bismuth", pour communiquer avec Thierry Herzog.
Selon l'accusation, certaines de leurs conversations ont révélé l'existence d'un pacte de corruption : Nicolas Sarkozy a, par l'intermédiaire de son avocat, envisagé d'apporter un "coup de pouce" à Gilbert Azibert pour un poste à Monaco qu'il convoitait et qu'il n'a jamais obtenu. En contrepartie, ce haut magistrat a fourni des informations couvertes par le secret sur une procédure engagée par l'ex-chef d'État devant la Cour de cassation, en marge de l'affaire Bettencourt.
Nicolas Sarkozy, qui avait bénéficié d'un non-lieu dans ce dossier fin 2013, avait ainsi saisi la haute juridiction pour faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels, susceptibles d'intéresser la justice dans d'autres procédures.
Qualifié de" délinquant chevronné" par le PNF
https://abujamsah.medium.com/affaire-des-%C3%A9coutes-lex-pr%C3%A9sident-nicolas-sarkozy-devant-les-juges-pour-corruption-1ac85f1ce9e9
https://abujamsah.medium.com/franch-virus-toronto-confin%C3%A9e-les-etats-unis-pr%C3%A9voient-de-vacciner-massivement-6c972f786e11
Dans les conversations fleuries avec son avocat, socle de l'accusation, l'ex-président s'engageait à intervenir en faveur de Gilbert Azibert. "Moi, je le fais monter", "je l'aiderai", dit-il ainsi à maître Herzog.
Quelques jours plus tard, il déclare qu'il a renoncé à toute "démarche" auprès des autorités monégasques. Pour les enquêteurs, ce revirement soudain pourrait venir de la découverte par les deux hommes que leurs téléphones officieux étaient sur écoute.
Dans un réquisitoire sévère en octobre 2017, le Parquet national financier (PNF) avait comparé les méthodes de Nicolas Sarkozy à celles d'"un délinquant chevronné".
Retiré de la politique depuis sa défaite à la primaire de la droite fin 2016 mais encore très influent à LR, il encourt dix ans de prison et un million d'euros d'amende pour corruption et trafic d'influence, comme ses co-prévenus, jugés en sus pour violation du secret professionnel.
Les trois prévenus, dont les avocats n'ont pas souhaité s'exprimer avant le procès, contestent tout "pacte de corruption".
"M. Azibert n'a rien obtenu, je n'ai pas fait de démarche et j'ai été débouté par la Cour de cassation" concernant les agendas, appuyait l'ancien président dès 2014. "Je m'expliquerai devant le tribunal parce que moi j'ai toujours fait face à mes obligations", a-t-il affirmé, vendredi, sur BFMTV.
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Nicolas Sarkozy n'a eu cesse de dénoncer une instrumentalisation politique de la justice et a, sans succès, multiplié les recours au motif que la retranscription d'échanges entre un avocat et son client serait illégale. La Cour de cassation lui a donné tort en mars 2016 mais cette question sera à nouveau âprement discutée dès le début du procès.
Une enquête contestée du PNF risque aussi d'enflammer les débats: classée sans suite en 2019 près de six ans après son ouverture, elle visait à identifier une éventuelle "taupe" qui aurait informé MM. Sarkozy et Herzog que leur ligne "Bismuth" était "branchée".
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Dans ce cadre, les magistrats ont fait éplucher les relevés téléphoniques ("fadettes") de ténors du barreau, dont plusieurs assureront la défense des prévenus au procès.
Un autre procès attend Nicolas Sarkozy au printemps : celui de l'affaire Bygmalion sur ses frais de campagne pour l'élection présidentielle de 2012.
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Joe Biden commencera, mardi, à dévoiler son futur gouvernement, poursuivant une transition unilatérale, alors que Donald Trump multiplie les recours pour inverser les résultats de la présidentielle du 3 novembre.
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Qui pour épauler Joe Biden dans la future administration démocrate ? Les premières réponses seront données, mardi 24 novembre, a promis un proche du président élu. Joe Biden est déterminé à poursuivre la mise en place de son équipe, à deux mois de son investiture, malgré les tentatives de Donald Trump d'inverser le résultat de la présidentielle du 3 novembre.
"Vous verrez les premières nominations du gouvernement du président élu mardi de cette semaine", a affirmé sur la chaîne ABC Ron Klain, le futur chef de cabinet de Joe Biden, sans préciser les portefeuilles concernés ni des noms. "Il faudra attendre que le président élu le fasse lui-même mardi", avant le long week-end de la fête de Thanksgiving.
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Joe Biden a déjà nommé plusieurs proches conseillers, qui l'entoureront à la Maison Blanche mais le suspense persiste sur son gouvernement, qui devrait "représenter l'Amérique", diversifiée et féminisée.
Selon le New York Times et l'agence de presse Bloomberg, Joe Biden compte nommer au poste de secrétaire d'État le diplomate Antony Blinken et devrait annoncer cette nomination mardi.
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Tony Blinken sera nommé Secrétaire d’Etat mardi selon Bloomberg. Francophone (il a étudié à Paris), fidèle de #Biden depuis près de 20 ans,je l’ai ITV pour ma bio Biden.Ici il était au 1er rallye de campagne Biden à Philly. Ses priorités: retour Accord de Paris, deal avec l’Iran. pic.twitter.com/1s5LNYHxIi
— Sonia Dridi (@Sonia_Dridi) November 23, 2020
Donald Trump et ses avocats poursuivent leurs multiples recours en justice, dénonçant une fraude électorale massive sans en avoir apporté pour l'instant de preuves concrètes.
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L'équipe de campagne du président américain a annoncé, dimanche, qu'elle ne travaillait plus avec l'avocate Sidney Powell, controversée après avoir affirmé que des fraudes massives avaient eu lieu lors de l'élection du 3 novembre, sans en fournir de preuves aux journalistes, lors d'une conférence de presse jeudi dernier.
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"Sidney Powell pratique le droit individuellement. Elle n'est pas un membre de de l'équipe juridique Trump", a déclaré dans un communiqué l'avocat personnel de Donald Trump, l'ancien maire de New York Rudy Giuliani. "Elle n'est pas non plus un avocat personnel du président", a-t-il ajouté.
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Au niveau national, Joe Biden a remporté près de 80 millions de voix lors du scrutin, contre un peu moins de 74 millions pour le milliardaire républicain. Mais la présidence se joue au travers d'un système de grands électeurs attribués dans chaque État. Un à un, les États clés qui ont basculé du côté du démocrate doivent certifier leurs résultats.
Donald Trump a appelé, dimanche, le parti républicain à "se battre" pour ne pas laisser les démocrates "détruire les preuves" de la fraude présumée.
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Revers en série pour Donald Trump
La veille, il avait subi un nouveau revers en Pennsylvanie, l'un des États clés de cette élection, où un juge a rejeté les allégations de fraude.
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Le juge Matthew Brann a estimé que l'équipe de Donald Trump avait présenté "des arguments juridiques sans fondement et des accusations hypothétiques" dans sa plainte concernant le vote par correspondance en Pennsylvanie. La certification des résultats doit y avoir lieu lundi.
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Cette décision judiciaire a conduit le sénateur républicain de Pennsylvanie, Pat Toomey, à reconnaître la victoire de Joe Biden. Les avocats de Donald Trump ont "épuisé toutes les options judiciaires pour contester les résultats" dans cet État, a-t-il estimé.
Attitude "nocive"
Les républicains ont également demandé aux autorités du Michigan, annoncé comme gagné par Joe Biden avec 155 000 voix d'avance, de reporter de 14 jours la certification des résultats prévue lundi, dénonçant des irrégularités.
Les républicains veulent obtenir un audit complet des résultats du comté de Wayne, le plus grand du Michigan.
La commission des responsables électoraux du Michigan, qui comprend deux démocrates et deux républicains, doit se réunir lundi pour certifier le résultat de cet État.
Selon des informations de presse, l'un des membres républicains de la commission envisage de voter contre la certification.
L'attitude des républicains est "nocive", a estimé dimanche Ron Klain, "mais cela ne changera pas le résultat de ce qui arrivera le 20 janvier à midi, Joe Biden deviendra le prochain président des États-Unis".
À lire aussi : Sur la route de la Maison Blanche, Joe Biden trébuche sur Emily Murphy
Au sein du parti républicain, un nombre croissant de responsables appellent le président à concéder sa défaite, ou au moins à libérer des fonds pour permettre une transition en bon ordre entre l'équipe de Joe Biden et l'administration sortante.
Joe Biden doit notamment recevoir les comptes-rendus quotidiens de sécurité, en premier lieu sur la pandémie de coronavirus, ce que Donald Trump refuse jusqu'ici.
Les États-Unis, une "République bananière" ?
Pour l'ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie, membre de l'équipe de transition de Donald Trump en 2016, le comportement des avocats du président est "une honte nationale".
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Le gouverneur républicain du Maryland Larry Hogan a même estimé sur CNN que les États-Unis commençaient à ressembler à "une République bananière". Plus tard, il a demandé sur Twitter au président d'"arrêter de jouer au golf et d'admettre" la défaite.
If you had done your job, America's governors wouldn't have been forced to fend for themselves to find tests in the middle of a pandemic, as we successfully did in Maryland.
Stop golfing and concede. https://t.co/tCXO8etxge
— Governor Larry Hogan (@GovLarryHogan) November 22, 2020
Samedi et dimanche matin, Donald Trump a fait de brèves allocutions au sommet virtuel du G20, avant de se rendre à son golf de Virginie, près de Washington.
Le sénateur du Dakota du Nord, Kevin Cramer, a, lui, défendu l'insistance du président à s'assurer de l'équité du scrutin, tout en ajoutant sur NBC qu'il était "plus que temps de commencer la transition".
Liz Cheney, numéro 3 du parti à la Chambre des représentants, avait estimé samedi que, faute de preuves de fraudes, Donald Trump devrait "respecter le caractère sacré du processus électoral".