Le président des États-Unis sortant multiplie les décisions hâtives et mène certains dossiers au pas de charge pour conclure son mandat avant de laisser le pouvoir à Joe Biden.
Par Marie-Liévine Michalik
Publié il y a 1 heure, mis à jour il y a 38 min
Donald Trump est encore en poste jusqu'au 20 janvier, avant de céder la place à Joe Biden.
Donald Trump est encore en poste jusqu'au 20 janvier, avant de céder la place à Joe Biden. TASOS KATOPODIS / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP
Après avoir reconnu brièvement et partiellement, dimanche 15 novembre, la victoire de Joe Biden car les élections étaient, selon lui, «truquées», Donald Trump est finalement revenu sur ses mots et a revendiqué sa réélection sur Twitter.
Le président sortant ne compte pas faciliter la tâche à son successeur en multipliant les recours en justice pour contester la légalité des élections. En poste jusqu'au 20 janvier, Donald Trump semble également enclin à mener sa politique à son terme, quitte à prendre des décisions contraignantes pour son successeur.
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Menace d'une frappe en Iran
Donald Trump aurait, selon le New York Times, demandé jeudi 12 novembre à plusieurs de ses collaborateurs dont le vice-président Mike Pence, le secrétaire d'État Mike Pompeo et le chef d'état-major Mark Milley, «s'il avait des options pour agir contre» le site de Natanz, en Iran, «dans les prochaines semaines». La question ferait suite à un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui indique que Téhéran continuait d'accumuler de l'uranium, selon le quotidien américain. Les hauts responsables, pourtant proches du milliardaire l'auraient «dissuadé d'aller de l'avant avec une frappe militaire» car le risque le conflit dégénère serait trop important.
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Depuis le début de son mandat, Donald Trump n'a cessé d'avoir l'Iran dans sa ligne de mire. En 2018, il mettait fin à l'accord international, signé trois ans plus tôt pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire, en le jugeant insuffisant. Dans la foulée, le chef de l'État a lancé une campagne de «pression maximale» à coups de sanctions ayant plongé le pays perse dans une violente récession.
Téhéran a de son côté répliqué en s'affranchissant à plusieurs reprises depuis mai 2019 de l'accord nucléaire. Une défaite pour les autres pays signataires, à l'instar de la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Russie, qui ont œuvré pendant des années sur un tel engagement.
L'administration Trump a promis de renforcer encore les mesures punitives à l'encontre de l'Iran. Une stratégie vue par certains observateurs comme la volonté de bâtir un tel «mur de sanctions» qu'il serait difficile à Joe Biden de revenir en arrière.
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Retrait des troupes en Afghanistan
Avec le limogeage du ministre de la Défense Mark Esper, et son remplacement par un ancien lieutenant des forces spéciales, Christopher Miller, et le remplacement de James Anderson, numéro 3 du Pentagone, par Anthony Tata, commentateur de la chaîne Fox News, Donald Trump a voulu marquer son territoire pour la soixantaine de jours qui lui restent avant de céder la place. Et l'Afghanistan est au cœur de ses préoccupations.
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Le 7 octobre dernier, il a affirmé souhaiter ramener à 2500 le nombre de soldats en Afghanistan début 2021 et a même évoqué un retrait total pour Noël. Selon les médias américains, le Pentagone a reçu des instructions pour préparer le retrait de 2000 soldats d'Afghanistan et 500 d'Irak avant la passation de pouvoir en janvier 2021. Une information pour l'instant non confirmée par le Pentagone et qui ne fait pas l'unanimité dans le camp Trump. Lundi dernier, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, pourtant un allié habituel du président sortant a déclaré que «les conséquences d'un départ prématuré des États-Unis pourraient se révéler pires encore que le retrait d'Obama en Irak en 2011, qui avait alimenté l'essor de l'État islamique».
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Accélération des forages en Arctique
Le gouvernement Trump met également le cap sur l'Arctique et sa zone côtière protégée de 6500 kilomètres carrés. Conformément à ses engagements pris en 2017, le président sortant a lancé la procédure des ventes de concessions pétrolières et gazières dans ce refuge national où vivent des ours polaires et des caribous.
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Un document autorisant les entreprises intéressées à se manifester devrait être publié mardi 17 novembre au journal officiel. La vente des parcelles pourrait intervenir avant le 20 janvier, soit la date d'investiture de Joe Biden, qui a promis de protéger cette région côtière du nord-est de l'Alaska.
Dernières piques lancées contre la Chine
Entre la guerre commerciale et les petites phrases acerbes lancées par les deux présidents, les relations sino-américaines n'ont pas été heureuses pendant les quatre ans de mandat de Donald Trump. Pékin a même menacé d'une «nouvelle Guerre froide» entre les deux premières puissances militaires mondiales si la tension ne retombait pas. Selon l'agence de presse américaine Bloomberg, Donald Trump prévoit plusieurs nouvelles mesures radicales contre la Chine dans les semaines restantes de son mandat.
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Après le conflit entre le gouvernement américain et l'application vidéo chinoise TikTok, Donald Trump compte protéger son marché technologique national, quitte à nuire aux potentiels concurrents. Un autre domaine serait visé par le président sortant : le secteur de la pêche «illégale» dans le Pacifique occidental.
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Campagne massive de vaccination
Les laboratoires Pfizer & BioNTech et Moderna promettent des vaccins efficaces à plus de 90% contre le Covid-19. Les deux produits pourraient être autorisés par l'Agence américaine des médicaments (FDA) dans la première quinzaine de décembre, selon Moncef Slaoui, responsable scientifique de l'opération Warp Speed, montée par le président Donald Trump pour vacciner la population américaine.
Vingt millions d'Américains pourraient ainsi être vaccinés contre le virus qui a déjà fait plus de 200.000 morts dans le pays. Au moment où plusieurs villes comme Chicago ont demandé à leurs habitants d'éviter les sorties, sauf pour les déplacements essentiels, dont le travail et l'école, de ne recevoir aucun invité et d'annuler les traditionnelles fêtes de Thanksgiving, Moncef Slaoui a déclaré que 25 millions de vaccins seraient disponibles chaque mois à partir de janvier.
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De son côté, Joe Biden prépare sa future équipe électorale dans une atmosphère tendue tant que Donald Trump refuse d'engager la transition présidentielle. Une tension qui inquiète le prochain président américain. Selon lui, sans concertation entre les deux équipes, «il se peut que davantage de personnes meurent», notamment face à l'urgence du Covid-19 qui continue de se développer massivement dans le pays.
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52 commentaires
sdw
le 17/11/2020 à 20:42
Il va finir 4 ans d'une présidence exceptionnelle tant sur le plan intérieur que international. Il a réussi ce que Bush, Clinton, obama réuni n'ont pas réussi. Et pas une seul guerre ......bravo monsieur
Bon entendeur
le 17/11/2020 à 20:42
Donald Trump est relégué au rang de "Lame Duck", qu'il reconnaisse sa défaite ou pas est sans importance.
Popoulos
le 17/11/2020 à 20:38
Titre remplis de parti pris.
Juste pour cela j aimerais qu il clou le bec a ses journaux qui n attende meme pas la fin des elections, une honte et vol de democratie.
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