Veille sécuritaire S-10-2017

in securite •  6 years ago 

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VEILLE TUNISIE

Semaine du 6 au 12 mars 2017 L'actualité :

  • 6 mars: des affrontements se sont déroulés hier dans la région rurale d’Henchir Ellefet , entre Kasserine et Siliana, entre 2 clans qui se battent pour une terre domaniale. Des renforts se sont rendus sur place pour mettre fin aux violences. (R2)

  • arrestation de 4 personnes suspectées d’appartenir à une organisation terroriste et accusées d’avoir aidé une jeune femme à partir en Syrie. Elle avait été arrêtée la semaine dernière à l’aéroport. (R1)

  • arrestation à Kébili d’un individu classé dangereux et recherché par la justice dans le cadre de 5 affaires dont certaines en lien avec le terrorisme. (R2)

  • 7 mars: commémoration à Ben Guerdane des événements de l’année passée et visite de Youssef Chahed dans le sud tunisien, sous haute sécurité, pendant deux jours.

  • nouvelles informations sur la cellule démantelée à El Mourouj, dans le gouvernorat de Ben Arous. Les 7 membres arrêtés comprendraient 4 femmes dont une infirmière. Le groupe aurait été en contact avec des terroristes en Europe qui leur envoyaient de l’argent, redistribué aux familles des terroristes tunisiens en Syrie. (R4)

  • incendie aggravé par des vents violents au Mont Jlass Aissa à Testour, il a été maîtrisé en fin d’après-midi. (R4)

  • incendie également à Jebel Bourbah, délégation d’Ouï Hani, dans le gouvernorat de Jendouba.

  • démantèlement d’un trafic de drogue quartier Ettadhamen dans l’Ariana. (R3)

  • Nabeul: saisie de 100 000 dinars en faux billets. (R2)

  • arrestation à Remada d’un homme travaillant dans le domaine commercial et soupçonné d’appartenir à un réseau terroriste ainsi que d’être en contact avec des groupes terroristes dans les montagnes tunisiennes et dans les zones de conflit.

  • 8 mars: la police de Ben Guerdane a arrêté un extrémiste religieux soupçonné de liens avec des dirigeants de Daech en Libye et en Syrie via Facebook. L’homme espionnait les mouvements des forces sécuritaires puis les transmettait à ses interlocuteurs. Il détenait également des listes nominatives de policiers. (R2)

  • arrestation à Carthage d’un individu dangereux, recherché pour vol et tentative de meurtre, après une course poursuite au cours de laquelle 2 agents ont été blessés. (R4)

  • nomination du Général Habib Dhif comme Directeur de l’Agence Nationale de Renseignement de Sécurité et de Défense.

  • l’Italie expulse un ressortissant tunisien accusé d’extrémisme. (R4)

  • 9 mars: un important accord sécuritaire va être signé entre la Tunisie et l’Algérie pour renforcer encore la coopération sécuritaire et militaire pour faire face au terrorisme, au trafic de drogue, à l’immigration clandestine, à la contrebande et au crime organisé. (R4)

  • saisie de 30 kg de cannabis à Bizerte à l’occasion d’une opération de ratissage menée sur les côtes de Sidi Mochrek. (R2)

  • 10 mars: arrestation Cité Ettadhamen d’un salafiste de 37 ans, soupçonné d’appartenir à une organisation terroriste. (R3)

  • à l’occasion d’une bagarre entre 7 individus, un homme est décédé après avoir été jeté d’une construction à Manzel Chaker à Sfax. Les 6 autres individus ont été arrêtés. (R4)

  • les unités de la Garde Nationale de Kasserine ont arrêté 5 individus qui ont attaqué le poste d’Hassi Ferid, la nuit passée. (R4)

  • selon les chiffres publiés ce jour, 173 individus ont été arrêtés dans des affaires de terrorisme en janvier. Ces mêmes chiffres confirment une baisse du nombre d’affaires terroristes enregistrées en 2016 par rapport à 2015.

  • les autorités tunisiennes ont accueilli à l’aéroport 3 Tunisiens expulsés d’Allemagne dont un est soupçonné d’appartenir à l’Organisation Etat Islamique. (R1)

  • 11 mars: la police a arrêté à Kairouan, une étudiante de 22 ans suspectée de recruter des jihadistes pour l’EI, en échange de 1000 dinars par recrutement. Connue pour son extrémisme religieux, elle aurait embrigadé 4 étudiants dont 2 seraient déjà en Libye. (R4)

  • les unités de la garde nationale de Kasserine ont réussi à interpeller un homme soupçonné d’appartenir à un groupe terroriste alors qu’il descendait du Mont Salloum. (R3)

  • une attaque terroriste a visé un point de contrôle sécuritaire fixe à Kébili, sur la route menant vers Douz, à l’entrée de la ville au niveau de Janoura vers 1h du matin. Elle a été perpétrée par 4 terroristes sur 2 motos truffées d’explosifs de fabrication artisanale, qui ont ouvert le feu. Les agents ont riposté, un a été tué. Parmi les assaillants, deux terroristes ont été abattus, 1 est blessé et le quatrième est en fuite. L’identité des terroristes tués a été révélée, il s’agirait de Badr Msaddek et Jamel Adel, originaires d’el Bechri à Kébili. Des renforts sont arrivés de Gabès pour ratisser la zone. (R2 et 4)

Analyse de situation :

Contexte régional :

En Irak, l’étau se resserre autour de Daech et les forces irakiennes ont coupé tous les accès à Mossoul, enfermant les jihadistes dans leur dernier bastion, bien décidées semble-t-il à empêcher toute fuite. Al-Baghdadi aurait, quant à lui, fui la ville pour se cacher au sud-ouest, le long de la vallée de l’Euphrate, protégé par des tribus sunnites loyales.

Au Maroc, les forces de sécurité marocaines ont arrêté 2 membres présumés de l’Organisation EI, accusés de planifier des attentats dans le pays. Les autorités marocaines ont multiplié ces derniers mois les annonces de démantèlement de cellules terroristes. Epargné ces 6 dernières années, le royaume avait été frappé dans le passé par des attaques qui avaient fait 45 morts à Casablanca en 2003 et 17 morts dans une zone touristique à Marrakech en 2011.

En Algérie, mise en échec d’une opération de trafic d’une grande quantité d’armes et de munitions dans la région d’Aïn Kazem, aux frontières avec le Niger.

En Libye, une fusillade entre des réseaux rivaux de passeurs opérant en Libye, aurait fait 22 morts et une centaine de blessés. Les victimes seraient des migrants.

Par ailleurs, la situation se complique singulièrement depuis la prise des terminaux de Ras Lanouf et Sidra par la BDB. L’ANL du maréchal Haftar a riposté par des frappes aériennes mais sans succès notables. C’est un véritable revers pour celui qui s’est invité à la table des négociations comme l’homme fort du pays, en raison, notamment, de sa suprématie militaire. Il se trouve en ce moment d’autant plus affaibli, que son attitude jugée dictatoriale a éloigné de lui certains de ses soutiens parmi les tribus de l’est, les partisans de l’ancien régime, les combattants soudanais de justice et égalité et certaines parties de la société civile libyenne. Il a également embarrassé ses alliés égyptiens en refusant au dernier moment la rencontre organisée avec le chef du GNA. Politiquement, c’est l’accord de Skhirat qui se trouve mis à mal, depuis que le parlement libyen de Tobrouk lui retire son soutien, après l’avoir accepté comme cadre de discussion, pour protester contre l’attaque menée dans le croissant pétrolier. En se retirant des efforts de réconciliation, le parlement menace les efforts de rapprochement entre Haftar et Sarraj. Il faut bien comprendre que la Brigade de Défense de Benghazi qui a déclenché l’offensive est une force composée de milices d’obédience islamiste qui ont été chassées par l’ANL du maréchal Haftar, certaines proviennent même de la mouvance d’Ansar Al-Chariaa. Elles se sont repliées à Misrata ou à Juffra, à 250 km au sud-ouest du croissant pétrolier. Leur objectif annoncé serait principalement de rouvrir la route et de reprendre Benghazi. Or, si Fayez al-Sarraj a, nous l’avons vu la semaine passée, officiellement condamné l’attaque, il semblerait que certains membres de son entourage, comme son Ministre de la Défense ne soient pas aussi clairs.
Ainsi, malgré les efforts déployés par l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie, aujourd’hui, l’impasse libyenne semble s’approfondir un peu plus. Et il y a un réel risque d’affrontements entre les forces armées d’Haftar et celles de Tripoli et Misrata. En Libye pour dominer la situation, il faut contrôler les champs pétroliers, et la différence entre protagonistes pourrait se jouer sur le terrain des armes et non politique. Chacun voudra être en position de force avant toute négociation. Economiquement, la production de brut devrait s’en ressentir, aggravant encore un peu plus le chaos libyen.

En Tunisie.

L’attaque perpétrée ce week end souligne bien ce qui était évoqué la semaine passée. Depuis Ben Guerdane l’année passée, le pays n’a pas connu d’attentats majeurs et les cellules de l’EI dans le pays ont été sérieusement affaiblies par les vagues d’arrestations et les terroristes abattus. Toutefois, elles restent présentes sur le territoire et demeurent dangereuses. Depuis un an, les menaces et les attaques visent principalement les sécuritaires et un fort esprit de revanche est clairement né à Ben Guerdane. Plusieurs tentatives de représailles avaient été déjouées. C’est bien ce qui se confirme avec cette dernière attaque dont le but aurait été de s’emparer du véhicule de la patrouille pour se déplacer ensuite vers le district de police et l’attaquer à l’explosif. Ils auraient également prévu d’attaquer d’autres patrouilles sécuritaires, à l’arme blanche et avec des armes à feu.

Dans un second temps et c’est l’autre point important de l’actualité cette semaine, il faut bien comprendre la menace que représente la situation en Libye pour la Tunisie. La menace que fait peser l’éventualité du chaos s’étend à tout le pays. Les islamistes de Daech sont défaits un peu partout en Syrie et en Irak, mais ils sont encore bien présents en Libye et il est facile pour eux de muter, d’évoluer, de se cacher dans un pays en pleine décomposition, voire d’évoluer au grand jour, dans certaines régions, au travers de certaines milices. Qu’ils se réclament de l’EI ou d’AQMI ou passent de l’un à l’autre, ils n’ont pas de meilleur endroit pour l’instant qu’un Etat au bord du gouffre et sans pouvoir central établi, avec la possibilité d’alliances tribales fluctuantes. Cette menace est directement perceptible, au jour le jour dans les régions frontalières comme Ben Guerdane.
La ville a montré, le 7 mars dernier, son patriotisme et son unité nationale en dépit des difficultés régionales. Toutefois, il ne faut pas oublier que plusieurs terroristes ayant participé à l’attaque sont toujours en liberté dans la mesure où ils n’ont pas été identifiés. De plus, le nombre de caches d’armes découvertes cet hiver et la quantité d’armes qui a pu transiter justement par la Libye, montre bien que certains problèmes restent entiers. Le chef du gouvernement s’est rendu sur place pour célébrer la résistance de la ville et ce qu’il a présenté comme un tournant dans la lutte contre le terrorisme. Néanmoins, il faut souligner que la défiance de la population dans ces régions vis à vis des autorités est importante et ne doit pas être négligée. Youssef Chahed par sa visite dans le sud tunisien cherche à montrer que le pouvoir central se préoccupe de ces régions déshéritées et annonce plusieurs programmes de développement. Concrètement sur place, peu de crédit est accordé à ces paroles qui n’ont jusqu’à présent que peu été suivies d’effet. D’ailleurs, des habitants ont manifesté le 7 mars pendant le discours officiel. Il convient de toujours garder un oeil sur la situation difficile de Ben Guerdane qui se trouve en plus totalement dépendante des échanges avec un voisin dans une situation alarmante, aux premières loges pour les trafics en tous genres et particulièrement exposée aux passages de terroristes et d’armement, grâce notamment au biais de la contrebande.

Enfin, on en apprend un peu plus cette semaine grâce au témoignage d’une journaliste algérienne, dont les informations n’ont pu être recoupées, sur les femmes de Daech, qui même discrètement, sont désormais présentes quasiment chaque semaine, dans l’actualité sécuritaire. Les Tunisiennes, en l’occurence, occuperaient des places de choix dans le groupe terroriste, notamment grâce à leur proximité avec certains dirigeants. Elles seraient de ce fait, dépositaires de secrets sensibles qui leur vaudraient parfois d’être brûlées vives une fois leur mission achevée. En Syrie, Katibat Alkhansaa serait par ailleurs dirigée par une Tunisienne sur nommée « Om Hajer ». Même si ce phénomène reste pour l’instant minoritaire, ce n’est pas la première fois que des informations font

état d’une évolution du rôle de certaines femmes dans l’Organisation EI. De plus, la journaliste affirme détenir des informations selon lesquelles la région de ben Guerdane, justement servirait de point de passage pour les femmes de Daech d’origine européenne. Ce qui confirmerait ce qui a été dit précédemment.

Recommandations :

Les recommandations restent globalement les mêmes que la semaine passée, en incluant naturellement les derniers événements. Nous rappelons donc qu’il faut se tenir à l’écart des forces de sécurité, casernes, déploiements, postes de contrôle etc… puisqu’elles restent manifestement des cibles prioritaires. Il convient naturellement également d’éviter la zone de Kébili dans la mesure où des opérations de ratissage sont en cours et qu’un assaillant est toujours en fuite. Ces zones du sud et frontalières de l’Algérie sont déjà déconseillées de manière générale en temps normal, dans la mesure du possible.
Toutefois, il ne faut pas non plus dramatiser la portée de l’attaque de ce dimanche qui reste très ciblée et qui a été mise en échec, même si elle a fait une victime. Les événements ont démontré la vigilance et la réactivité des forces de l’ordre. Plus encore, il faut souligner, un an après l’attaque de Ben Guerdane, les réactions positives de la population qui perdurent. Il semble bien que 2 personnes se soient interposées au cours de l’attaque de Kébili, et les citoyens ont clairement marqué leur rejet des terroristes et leur volonté de les isoler. C’est pourquoi, il ne semble pas nécessaire de prévoir de mesures particulières supplémentaires et ce d’autant plus que la situation sociale reste calme. Il faut également surveiller attentivement la situation en Libye et ses répercussions éventuelles sur les régions frontalières.

Les zones à risques :

Sont déconseillés, la région de Ben Guerdène ainsi que les zones montagneuses des Gouvernorats de Kasserine et du Kef, de Jendouba ainsi que le corridor routier reliant les villes de Kasserine et de Sidi Bouzid en passant par Sbeitla.

  • Il est également recommandé d'être très vigilent à Zarsis et Djerba, et d'éviter les zones du Grand Sud Nefta, Douz, Medenine. Ainsi que les régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d'el Borma. Tout voyage dans une zone désertique doit se faire avec une agence de tourisme officielle. Le risque d'enlèvement est particulièrement élevé dans ces régions.
  • Eviter les zones rurales comprises entre Kairouan, Kasserine et Siliana. Et de manière générale les zones proches des frontières avec l'Algérie et la Libye, dans un rayon d'au moins 30km.
  • Suivre les recommandations qui, en raison des risques de mouvements sociaux spontanés, conseillent de privilégier l'avion pour rejoindre les zones touristiques du sud-ouest.
  • Dans la capitale, rappelons qu'il est recommandé de se tenir à l'écart des rassemblements, des axes empruntés par les manifestations et surtout des bâtiments sensibles et en particulier sécuritaires.

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