Veille sécuritaire S-04-2017 Maghreb / TUNISIE

in tunisie •  6 years ago 

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VEILLE TUNISIE

Semaine du 23 au 29 janvier2017

L'actualité :

  • 23 janvier: l’armée tunisienne a pilonné des positions susceptibles d’abriter des caches de terroristes au Mont Mghila, dans le gouvernorat de Kasserine, tandis que se déroulaient en parallèle, des opérations de ratissage. (R4)
  • 24 janvier: une vaste campagne sécuritaire a été menée par l’ensemble des unités relevant du district de la Garde Nationale de Gabès. 6 opérations de contrebande auraient été mises en échec, pour une valeur totale de 246 000 dinars. (R1)
  • la police a arrêté, à Kasserine, Mohamed Ali K., présumé terroriste, revenu en décembre 2016 de Syrie. Parti en Libye en 2013, avant de basculer en Syrie, il serait toujours resté actif et aurait eu l’intention de constituer une cellule en Tunisie pour apporter une aide logistique et financière aux terroristes retranchés dans les montagnes de Kasserine. Il a été repéré grâce aux échanges qu’il conservait avec des jihadistes tunisiens en Syrie. (R2)
  • 2 jeunes originaires de Ben Guerdane ont été kidnappés par un groupe armé libyen, au niveau de la zone de Boukamacha, à 20 km de la frontière. Ils ont réussi à s’enfuir après avoir été dépouillés. (R2)
  • 25 janvier: les unités sécuritaires de Medjez el-Bab, gouvernorat de Béja, ont arrêté un dangereux criminel faisant l’objet de 13 mandats de recherche pour homicide volontaire, violences et vols. (R4)
  • dans le cadre de la lutte contre la criminalité, arrestation ce jour de 819 personnes recherchées. (R2)
  • 26 janvier: démantèlement d’une bande de malfaiteurs composée de 7 individus accusés d’agression et de vol à main armée. Le groupe exploitait des enfants mineurs dans un réseau du crime organisé en échange de sommes d’argent. (R2)
  • selon une source sécuritaire, à l’occasion d’une campagne sécuritaire, les domiciles de 21 salafistes se trouvant dans des zones de conflit, auraient été perquisitionnés. (R2 et R4)
  • arrestation à Sousse de 3 salafistes takfiristes soupçonnés d’appartenir à une organisation terroriste. (R4)
  • arrestation à Ras Jebel, Bizerte, d’un suspect revenu de Syrie et qui aurait appartenu à la mouvance jihadiste quand il résidait en France, à Cannes. Rentré en Tunisie après la révolution, il était parti en Syrie en 2014 puis rentré l’année dernière. Il avait été placé sous surveillance, arrêté puis relâché faute de preuves mais la surveillance avait été maintenue. De nouveau arrêté avec de nouveaux éléments à charge, il serait passé aux aveux. (R2)
  • un autre revenant aurait été arrêté après avoir assassiné son ami à El Mourouj 2, dans la banlieue de Tunis. Cette information n’a pas été confirmée. (R4)
  • 27 janvier: arrestation d’un jeune extrémiste religieux dans l’Ariana Nord. (R1)
  • dans la soirée, un groupe terroriste a dérobé des provisions à plusieurs familles, sous la menace d’armes, entre les régions d’Aïn Zayen, délégation de Sbiba et Aïn Jaffel à Sidi Bouzid. Les familles auraient également été menacées en cas de coopération avec l’armée qui opère au Mont Mghila.
  • 28 janvier: selon une source sécuritaire, des forages seraient en cours actuellement à Ben Guerdane, sur un terrain agricole au niveau du croisement de Sekah, à la suite d’informations faisant état de possibles caches d’armes. (R2)

Analyse de situation :

Contexte régional :
En Syrie, selon l’observatoire syrien des droits de l’homme, l’armée syrienne et ses alliés auraient délogé les combattants de l’EI de plusieurs villages à l’est d’Alep et s’approcherait d’une zone occupée par des groupes rebelles soutenus par la Turquie. Cette semaine, l’armée syrienne serait à 8 km d’El Bab occupée par les terroristes. De son côté, la Turquie a annoncé qu’elle ne livrerait pas la localité aux forces du régime après la sortie de Daech.

En Irak, le Premier Ministre irakien a annoncé la libération du côté est de la ville de Mossoul. La bataille va bientôt commencer à l’ouest, mais elle risque d’être très difficile et encore plus lourde en pertes humaines.

En Algérie: les cadavres de 2 terroristes, B. Mohamed, dit Abou Houdaïfa et H. Djafar, alias Kaâkaâ, ont été découverts à Jebel Bouhaya, dans la wilaya d’Aïn Defla et Azazga les 26 et 27 janvier.

Au Maroc, la menace terroriste reste présente également. Un attentat imminent de Daesh vient, selon les autorités, d’être déjoué de justesse. 7 éléments ont été interpellés et du matériel saisi: revolvers, munitions, coutelas. Auraient également été découverts, du matériel de transmission, des tenues militaires, des produits chimiques et liquides suspects pouvant être utilisés pour la fabrication d’explosifs, ainsi que 2 gilets équipés de ceintures explosives.

En Libye: 220 cadavres de ressortissants de nationalité tunisienne auraient été retrouvés dans les régions de Sabratha et Syrte. Ils seraient morts lors des affrontements avec les groupes terroristes. Les autorités tunisiennes n’en savent pas plus. Par ailleurs, l’homme abattu en Libye le 23 et présenté comme Abou Iyadh, serait en réalité le Libyen Abdelkader Abou Jerad. Une enquête et des analyses ADN sont en cours.
Concernant la situation de crise de la Libye, lors de la réunion qui s’est déroulée dans le cadre de l’Union Africaine, la Tunisie a insisté sur la nécessité de renforcer la coordination avec l’Egypte et l’Algérie. Il semble à l’heure actuelle, que l’on assiste à une nouvelle avancée de la Russie qui cherche toujours à s’implanter en Afrique du Nord et à rétablir son influence en Libye, s’appuyant sur le fait que les occidentaux semblent avoir misé sur le « mauvais cheval », le GNA se révélant toujours incapable d’assoir son autorité. Pour mettre en oeuvre sa politique, Moscou compterait sur l’Algérie et sur le maréchal Haftar qui leur apparaît comme le seul à avoir une certaine autorité et à pouvoir reconstituer une armée libyenne. L’Algérie n’a probablement pas une grande confiance dans l’homme de Benghazi mais ne voit guère d’alternative pour parer au plus pressé en ce qui concerne la situation sécuritaire. Ce qui ne l’empêche pas de continuer à souhaiter un processus politique impliquant toutes les parties, mais à l’heure actuelle, les inquiétudes inhérentes au risque de chaos libyen l’emportent. Cette inquiétude est aggravée par la dégradation de la sécurité dans le sud du pays, liée au repli des combattants de l’EI acculés dans les villes du Nord. Selon certaines informations, plus de 150 membres de Daesh auraient déjà rejoint le Sud-Est du Fezzan, par les routes reliant le Nord à Germa, Zawilah et Mourzouq. Face au risque de jonction avec d’autres groupes de l’EI ou de Boko Haram, le Tchad avait d’ailleurs fermé ses frontières au début du mois. Sécuriser cette zone arrangerait aussi les Russes qui semblent craindre, avec les défaites de l’EI en Syrie et en Irak, que les terroristes du Turkestan oriental, proches de Jabhat Fatah al-Sham, ne se rabattent également sur la Libye.

En Tunisie :
Peu de démantèlement de cellules dormantes ou de faits marquants dans l’actualité sécuritaire mais on s’habitue désormais à voir chaque semaine des informations sur les « revenants », qui continuent à faire l’objet d’une réflexion de la part de toute la société tunisienne. Se pose également le problème des volontaires au jihad et des filières de départ. Nous apprenons ainsi cette semaine, que 46 Tunisiens ayant tenté d’entrer en Syrie pour rejoindre des groupes terroristes, auraient été amnistiés par l’Etat syrien. Les autorités des 2 pays concernés, doivent régler conjointement la question de la remise en liberté des 46 personnes en cause.
De plus, les services de renseignements tunisiens auraient reçu des alertes d’un service étranger, faisant état d’une possible infiltration de 11 éléments de l’Organisation Etat Islamique en provenance de Libye. Ces combattants seraient entraînés et aguerris. Ce risque souvent invoqué est bien réel même s’il est difficile de savoir, à l’heure actuelle, dans quelle mesure exacte. Il ne faut pas non plus totalement exclure une possible instrumentalisation de ces histoires de revenants, impliquant des calculs politiciens.
Enfin, selon certaines sources sécuritaires, il y aurait par ailleurs près de 200 terroristes sur le hauteurs du pays, entre Le Kef, Sidi Bouzid et Kasserine. Beaucoup seraient de nationalité algérienne et ils prépareraient des attaques de grande envergure dans plusieurs sites vitaux du pays. Il faut noter que ce n’est pas la première alerte concernant une montée en puissance de ces éléments.

Les zones à risques :

Sont déconseillés, la région de Ben Guerdène ainsi que les zones montagneuses des Gouvernorats de Kasserine et du Kef, de Jendouba ainsi que le corridor routier reliant les villes de Kasserine et de Sidi Bouzid en passant par Sbeitla.

Il est également recommandé d'être très vigilent à Zarsis et Djerba, et d'éviter les zones du Grand Sud Nefta, Douz, Medenine. Ainsi que les régions du gouvernorat de Tatouine, du sud de Dehiba et d'el Borma. Tout voyage dans une zone désertique doit se faire avec une agence de tourisme officielle. Le risque d'enlèvement est particulièrement élevé dans ces régions.

Eviter les zones rurales comprises entre Kairouan, Kasserine et Siliana. Et de manière générale les zones proches des frontières avec l'Algérie et la Libye, dans un rayon d'au moins 30km.

Suivre les recommandations qui, en raison des risques de mouvements sociaux spontanés, conseillent de privilégier l'avion pour rejoindre les zones touristiques du sud-ouest.

Dans la capitale, rappelons qu'il est recommandé de se tenir à l'écart des rassemblements, des axes empruntés par les manifestations et surtout des bâtiments sensibles et en particulier sécuritaires.

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